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Abstract
Il peut etre dangereux de vouloir defendre coute que coute un genre litteraire dont personne d’autre ne semble remarquer l’importance. Mais qu’importe, j’aimerais tout de meme revenir ici sur l’etrange oubli des Memoires dans les debats autour des fameuses guerres de memoires qui font rage depuis plus d’une vingtaine d’annees maintenant. Ce faisant, je vais paraitre vouloir rouvrir un debat cense etre regle depuis fort longtemps, depuis qu’avec l’Introduction aux etudes historiques de Langlois et Seignobos en 1898, il est entendu qu’aucun fait n’est historique par nature, autrement dit que tous peuvent l’etre a partir du moment ou ils sont constitues en « document » – ce qui revient a congedier l’histoire concue comme « ce qui est digne d’etre raconte » et avec elle les temoignages monumentaux. De fait, tout comme leurs predecesseurs positivistes, les specialistes de la memoire collective ignorent aujourd’hui presque systematiquement les memorialistes. Certes il leur arrive de tenir compte des textes publies, mais au sein des etudes sur les memoires collectives en France, ce sont les acteurs politiques ou administratifs, les groupes de pression, ou les prescripteurs d’opinion qui comptent – et lorsqu’un historien s’interesse directement aux recits de vie, c’est en gommant les distinctions generiques qui peuvent exister pour les reduire au modele autobiographique, autrement dit a l’expression d’une individualite, la ou les Memoires se veulent en realite une reconstitution cont