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Abstract
taillienne, le poil a été symptoma quement occulté par la cri que avisée. Pourtant, à examiner la chose de plus près : « Ainsi les guenilles d’Edwarda me regardaient, velues et roses, pleines de vie comme une pieuvre répu ‐ gnante »1, le poil est omniprésent dans les récits comme dans les essais de Bataille. Provoquant l’horripila on et la fascina on, il par cipe de l’informe qui marque un rejet de la ra onalité et de la philosophie, de la méta pho risa on et de l’esthé que, au profit de la laideur, de l’abjec on et du bas matériel. Objet hétérogène et irréduc ble, le poil ne saurait se soume re au discours, à ses catégories ou ses normes. Il borde une zone unheimlich (étrangeté inquiétante) qui confine à l’irreprésentable, et suscite un processus de démétaphorisa on où se rencontre le réel sexuel sans nom et sans image. Par là, cet objet irré duc ‐ ble libère la puissance transgressive du sacré, celle de l’éro sme sans doute, mais plus encore celle du diony ‐ siaque qui est volonté de puissance et augmenta on du sen ment de vie. Parce que la pilosité a este de l’énergie vitale commune à l’humain, à l’animal et au végétal, elle est la « part maudite », l’expression de la grande santé qui, pour Bataille lecteur de Nietzsche, s’inscrit en faux contre les puritanismes anciens ou actuels qui caractérisent les idéaux ascé ques. Déchet de la civilisa on, le poil n’en est pas seulement le malaise mais aussi la limite subversive et joyeuse. Chasser, traquer ou raser la pilosité, laquelle SÉBASTIEN GALLAND Université Paul‐Valéry, Montpellier III