{"title":"Entre littérature et Histoire: la « tardiveté » (Spätheit, lateness) comme modèle herméneutique","authors":"Ben Hutchinson","doi":"10.58282/colloques.2090","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"1. La modernite en tant que SpatzeitNous sommes obliges avant d’aborder notre tâche propre, nous modernes, – (c’est-a-dire successeurs, heritiers, et genes par nos biens, ou plutot, par la diversite de nos biens herites) – de nous defaire des notions, problemes etc. que nous ne ressentons plus, des dettes contractees par d’autres – Table rase de la croyance a ces quaestiones de nous refaire des yeux qui voient ce qui est a voir, et non ce qui a ete vu1.Ecrivant en 1937 au sommet du modernisme, Paul Valery offre une definition etonnante de la modernite. « Nous modernes » ne serions pas des innovateurs, createurs de notre propre legitimite, mais plutot des « successeurs, heritiers » – et qui plus est « genes par nos biens ». Dans ce qui suit nous allons considerer, a l’aide de quelques exemples, d’ou vient cette gene et comment elle se manifeste. Qu’est-ce qui se passe si l’on considere la modernite non pas comme ce qui est nouveau, mais plutot comme ce qui est tardif ? Peut-on interpreter la litterature moderne comme reponse a la « gene » d’une « tardivete » historique2 ?Si une telle conception du « moderne » est implicite dans lesnombreuses tentatives de definition du concept au cours des trois derniers siecles, elle est rarement rendue explicite par la critique litteraire. Le moderne est trop souvent reduit a l’imperatif « to make it new » (pour reprendre la formule d’Ezra Pound), ou le modele dominant est celui de la jeunesse et de l’innovation plutot que de la vieillesse","PeriodicalId":335860,"journal":{"name":"Littérature et histoire en débats","volume":"181 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2013-09-28","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Littérature et histoire en débats","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58282/colloques.2090","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0
Abstract
1. La modernite en tant que SpatzeitNous sommes obliges avant d’aborder notre tâche propre, nous modernes, – (c’est-a-dire successeurs, heritiers, et genes par nos biens, ou plutot, par la diversite de nos biens herites) – de nous defaire des notions, problemes etc. que nous ne ressentons plus, des dettes contractees par d’autres – Table rase de la croyance a ces quaestiones de nous refaire des yeux qui voient ce qui est a voir, et non ce qui a ete vu1.Ecrivant en 1937 au sommet du modernisme, Paul Valery offre une definition etonnante de la modernite. « Nous modernes » ne serions pas des innovateurs, createurs de notre propre legitimite, mais plutot des « successeurs, heritiers » – et qui plus est « genes par nos biens ». Dans ce qui suit nous allons considerer, a l’aide de quelques exemples, d’ou vient cette gene et comment elle se manifeste. Qu’est-ce qui se passe si l’on considere la modernite non pas comme ce qui est nouveau, mais plutot comme ce qui est tardif ? Peut-on interpreter la litterature moderne comme reponse a la « gene » d’une « tardivete » historique2 ?Si une telle conception du « moderne » est implicite dans lesnombreuses tentatives de definition du concept au cours des trois derniers siecles, elle est rarement rendue explicite par la critique litteraire. Le moderne est trop souvent reduit a l’imperatif « to make it new » (pour reprendre la formule d’Ezra Pound), ou le modele dominant est celui de la jeunesse et de l’innovation plutot que de la vieillesse