{"title":"L’écriture contemporaine de la violence extrême : à propos d’un malentendu entre littérature et historiographie","authors":"Raphaëlle Guidée","doi":"10.58282/colloques.2086","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Dans un recent numero du Debat intitule L’histoire saisie par la fiction, Pierre Nora ouvre la discussion sur la frontiere entre historiographie et roman1 en proposant une breve histoire de la facon dont l’essor de la science historique conduit, au cours du xixe siecle, a une separation tres etanche entre restitution scientifique du passe et « pure imagination2 » et dont, inversement, depuis trente ou quarante ans, la frontiere entre ecriture litteraire et savante de l’histoire ne cesse de se brouiller. L’historien retrouve ici un constat qui nourrit depuis quelques annees de nombreuses reflexions issues de la pensee historiographique et de la theorie litteraire. Comme l’a montre Emmanuel Bouju dans son essai sur La Transcription de l’histoire dans le roman europeen, a l’historiographie s’exposant comme ecriture et explorant des territoires a priori reserves au champ litteraire repond la facon dont la litterature historique contemporaine mime la scene historiographique, donnant a voir la resurrection du passe comme une enquete mobilisant recueil des temoignages, archives et critique des sources3.Ainsi, si « l’entrecroisement de l’histoire et de la fiction4 » est, pour Paul Ricœur, constitutif de toute ecriture de l’histoire, il semble evident que cet entrecroisement subit une forte inflexion contemporaine, dont temoignent des publications ouvertement hybrides et relativement comparables comme l’essai historique d’Ivan Jablonka Histoire des grands-parents que je n’ai pas eus (","PeriodicalId":335860,"journal":{"name":"Littérature et histoire en débats","volume":"1 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2013-09-28","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"2","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Littérature et histoire en débats","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58282/colloques.2086","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Dans un recent numero du Debat intitule L’histoire saisie par la fiction, Pierre Nora ouvre la discussion sur la frontiere entre historiographie et roman1 en proposant une breve histoire de la facon dont l’essor de la science historique conduit, au cours du xixe siecle, a une separation tres etanche entre restitution scientifique du passe et « pure imagination2 » et dont, inversement, depuis trente ou quarante ans, la frontiere entre ecriture litteraire et savante de l’histoire ne cesse de se brouiller. L’historien retrouve ici un constat qui nourrit depuis quelques annees de nombreuses reflexions issues de la pensee historiographique et de la theorie litteraire. Comme l’a montre Emmanuel Bouju dans son essai sur La Transcription de l’histoire dans le roman europeen, a l’historiographie s’exposant comme ecriture et explorant des territoires a priori reserves au champ litteraire repond la facon dont la litterature historique contemporaine mime la scene historiographique, donnant a voir la resurrection du passe comme une enquete mobilisant recueil des temoignages, archives et critique des sources3.Ainsi, si « l’entrecroisement de l’histoire et de la fiction4 » est, pour Paul Ricœur, constitutif de toute ecriture de l’histoire, il semble evident que cet entrecroisement subit une forte inflexion contemporaine, dont temoignent des publications ouvertement hybrides et relativement comparables comme l’essai historique d’Ivan Jablonka Histoire des grands-parents que je n’ai pas eus (