{"title":"« Il faut se souvenir que les dinosaures n’apparurent qu’en 1841 » - Pascal Quignard et l’histoire","authors":"T. Samoyault","doi":"10.58282/colloques.2117","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Pascal Quignard fait tomber l’histoire. A la fois celle que l’on raconte et celle qui aurait eu lieu. Et il fait tomber la litterature aussi, celle qui pretend au continu et est orientee vers une fin. Ainsi il n’oppose pas la litterature et l’histoire. Il s’oppose a elles deux dans certaines de leurs pratiques pour en proposer une autre, qui les lie a leur tour. Il y a ainsi une double evidence contradictoire, qui saute aux yeux des lecteurs de Quignard, de l’ecriture historienne et de l’ecriture anti-historienne, d’une extreme litterarite qui est en meme temps une prise de position contre la litterature et les modalites dominantes du recit. Il faut comprendre cette pensee qui n’a rien d’un programme, tenir qu’elle nous oblige nous aussi a tomber, a depasser notre pulsion narrative, en faisant l’hypothese qu’elle n’est pas seulement l’expression idiosyncrasique d’un sentiment personnel, a usage unique, mais qu’elle peut faire l’objet d’une reprise, et pour ce faire, d’abord, d’une entreprise de rassemblement voire de generalisation. Ce qui n’a rien d’evident et peut apparaitre comme un coup de force vis-a-vis d’un auteur qui lutte contre toute tentative de recuperation rationnelle et contre tout le logocentrisme abstrait, contre ce qui s’universalise1. En ce sens, sa pensee joue aussi contre la philosophie, mais c’est un autre sujet, que Michel Deguy a d’ailleurs deja traite dans un essai consacre a Pascal Quignard intitule « L’ecriture siderante2 ». Mais alors comment faire","PeriodicalId":335860,"journal":{"name":"Littérature et histoire en débats","volume":"53 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2013-09-28","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"1","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Littérature et histoire en débats","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58282/colloques.2117","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Pascal Quignard fait tomber l’histoire. A la fois celle que l’on raconte et celle qui aurait eu lieu. Et il fait tomber la litterature aussi, celle qui pretend au continu et est orientee vers une fin. Ainsi il n’oppose pas la litterature et l’histoire. Il s’oppose a elles deux dans certaines de leurs pratiques pour en proposer une autre, qui les lie a leur tour. Il y a ainsi une double evidence contradictoire, qui saute aux yeux des lecteurs de Quignard, de l’ecriture historienne et de l’ecriture anti-historienne, d’une extreme litterarite qui est en meme temps une prise de position contre la litterature et les modalites dominantes du recit. Il faut comprendre cette pensee qui n’a rien d’un programme, tenir qu’elle nous oblige nous aussi a tomber, a depasser notre pulsion narrative, en faisant l’hypothese qu’elle n’est pas seulement l’expression idiosyncrasique d’un sentiment personnel, a usage unique, mais qu’elle peut faire l’objet d’une reprise, et pour ce faire, d’abord, d’une entreprise de rassemblement voire de generalisation. Ce qui n’a rien d’evident et peut apparaitre comme un coup de force vis-a-vis d’un auteur qui lutte contre toute tentative de recuperation rationnelle et contre tout le logocentrisme abstrait, contre ce qui s’universalise1. En ce sens, sa pensee joue aussi contre la philosophie, mais c’est un autre sujet, que Michel Deguy a d’ailleurs deja traite dans un essai consacre a Pascal Quignard intitule « L’ecriture siderante2 ». Mais alors comment faire