{"title":"Peintre ou sophiste ? Figure du peintre dans trois dialogues platoniciens : République, Sophiste et Cratyle","authors":"Anne Balansard","doi":"10.3406/fdart.2003.1275","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Si le grec dispose de noms spécifiques pour désigner le peintre, il n’en possède pas pour désigner l’artiste : le poète, le peintre et le potier sont des artisans (dèmiourgoi). Platon, dans ses dialogues, opère des distinctions : le peintre est un artisan, mais plus exactement un imitateur (mimètès). Au contraire de notre notion d’artiste, la notion d’imitateur est négative. L'imitation est travaillée par un défaut d''être : le peintre, ne produit qu''une image (eidôlon). Le peu de prix attaché à l'imitateur est l'exact corollaire du statut ontologique dégradé de l'image. L’intention platonicienne, cependant, n’est pas de décrier le peintre, mais le sophiste. Et si, dans les dialogues, le peintre sert de paradigme à la production des apparences, historiquement, le prestige des sophistes rejaillit sur les peintres qui adoptent leurs manières. De ce prestige, les dialogues portent la trace en creux. Je m’interrogerai donc sur les racines d’une analogie qui, dans les dialogues, unit le peintre, le sophiste et l''imitateur. L’analogie est-elle entièrement platonicienne ? Ne s’inscrit-elle pas plutôt contre une thèse sophistique qui fait des mots (onomata) une imitation (mimèma) des choses, et ce, sur le modèle de la peinture ? À cette imitation comme duplication des choses, Platon oppose l’imitation comme production d’images, — l’image signifiant et la chose et son absence.","PeriodicalId":244856,"journal":{"name":"Figures de l'Art. Revue d'études esthétiques","volume":"43 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"1900-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Figures de l'Art. Revue d'études esthétiques","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.3406/fdart.2003.1275","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0
Abstract
Si le grec dispose de noms spécifiques pour désigner le peintre, il n’en possède pas pour désigner l’artiste : le poète, le peintre et le potier sont des artisans (dèmiourgoi). Platon, dans ses dialogues, opère des distinctions : le peintre est un artisan, mais plus exactement un imitateur (mimètès). Au contraire de notre notion d’artiste, la notion d’imitateur est négative. L'imitation est travaillée par un défaut d''être : le peintre, ne produit qu''une image (eidôlon). Le peu de prix attaché à l'imitateur est l'exact corollaire du statut ontologique dégradé de l'image. L’intention platonicienne, cependant, n’est pas de décrier le peintre, mais le sophiste. Et si, dans les dialogues, le peintre sert de paradigme à la production des apparences, historiquement, le prestige des sophistes rejaillit sur les peintres qui adoptent leurs manières. De ce prestige, les dialogues portent la trace en creux. Je m’interrogerai donc sur les racines d’une analogie qui, dans les dialogues, unit le peintre, le sophiste et l''imitateur. L’analogie est-elle entièrement platonicienne ? Ne s’inscrit-elle pas plutôt contre une thèse sophistique qui fait des mots (onomata) une imitation (mimèma) des choses, et ce, sur le modèle de la peinture ? À cette imitation comme duplication des choses, Platon oppose l’imitation comme production d’images, — l’image signifiant et la chose et son absence.