{"title":"La traduction institutionnelle européenne, naturalisation ou droit d’asile ?","authors":"Catherine Vieilledent-Monfort","doi":"10.1075/FORUM.00003.VIE","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"\n La production normative et politique multilingue des institutions fait parfois doublement figure de paradigme de la traduction :\n d’une part parce qu’elle est d’abord une traduction juridique, d’autre part parce qu’elle porte la\n complexité à son paroxysme. Le traducteur dans les institutions européennes est l’agent nécessaire d’un discours qui porte\n ses effets juridiques dans les vingt-quatre langues officielles. La réalité est que nombre de présupposés sur l’activité traduisante\n sont mis à mal dans ce contexte.\n A la Commission, tout commence avec un document de travail, le plus souvent en langue anglaise, qui est dit « original » mais dont\n l’état final n’est garanti qu’au terme d’un parcours complexe. La volonté du législateur, équivalent à un\n « vouloir dire » de l’autorité publique européenne, est le fruit de compromis entre services et avec les parties concernées,\n rediscutés à plusieurs étapes clés entre les institutions. L’original monolingue n’aide guère à retrouver cette intention\n initiale : dans le processus interinstitutionnel, le multilinguisme nous rappelle que le centre est partout.\n La traduction institutionnelle, processus au cœur de la rédaction législative, doit en outre trouver un destinataire : les concepts-clés,\n souvent des néologismes visant à créer une réalité juridique et politique nouvelle, sont reconstruits dans la langue cible mais\n l’équivalence est parfois hors d’atteinte, voire indésirable. Chaque langue a ses solutions pour accueillir cette réalité\n langagière nouvelle qui n’est parfois pas assimilable lexicalement et dont le statut reste, par nécessité, proche du droit\n d’asile.","PeriodicalId":367783,"journal":{"name":"FORUM / Revue internationale d’interprétation et de traduction / International Journal of Interpretation and Translation","volume":"8 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2018-09-27","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"2","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"FORUM / Revue internationale d’interprétation et de traduction / International Journal of Interpretation and Translation","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.1075/FORUM.00003.VIE","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
La production normative et politique multilingue des institutions fait parfois doublement figure de paradigme de la traduction :
d’une part parce qu’elle est d’abord une traduction juridique, d’autre part parce qu’elle porte la
complexité à son paroxysme. Le traducteur dans les institutions européennes est l’agent nécessaire d’un discours qui porte
ses effets juridiques dans les vingt-quatre langues officielles. La réalité est que nombre de présupposés sur l’activité traduisante
sont mis à mal dans ce contexte.
A la Commission, tout commence avec un document de travail, le plus souvent en langue anglaise, qui est dit « original » mais dont
l’état final n’est garanti qu’au terme d’un parcours complexe. La volonté du législateur, équivalent à un
« vouloir dire » de l’autorité publique européenne, est le fruit de compromis entre services et avec les parties concernées,
rediscutés à plusieurs étapes clés entre les institutions. L’original monolingue n’aide guère à retrouver cette intention
initiale : dans le processus interinstitutionnel, le multilinguisme nous rappelle que le centre est partout.
La traduction institutionnelle, processus au cœur de la rédaction législative, doit en outre trouver un destinataire : les concepts-clés,
souvent des néologismes visant à créer une réalité juridique et politique nouvelle, sont reconstruits dans la langue cible mais
l’équivalence est parfois hors d’atteinte, voire indésirable. Chaque langue a ses solutions pour accueillir cette réalité
langagière nouvelle qui n’est parfois pas assimilable lexicalement et dont le statut reste, par nécessité, proche du droit
d’asile.