{"title":"Face à l'indigénisme: Analyse comparative des œuvres de Pétion Savain et de Jean-René Jérôme et Jacques Gabriel","authors":"Pascale Romain","doi":"10.1353/jhs.2019.0004","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Abstract:Au début du 20e siècle, naissait en Haïti le mouvement indigéniste. De ce mouvement est issue une nouvelle peinture. Elle se proclame ethniciste, c'est-à-dire qu'elle privilégie l'histoire, la géographie, les paysages, le folklore et la culture d'Haïti. Elle met surtout en avant l'appartenance raciale à l'Afrique. Ainsi ont foisonné des tableaux où les scènes de marché, les scènes populaires paysannes, des natures mortes présentant les fruits et légumes du terroir et la race noire occupent une place de choix. Sous l'impulsion de Jacques Stephen Alexis qui prescrivait en 1951 que l'art fût réaliste, social et national, le courant indigéniste se renforça et l'entrée des « subalternes » sur la scène artistique d'Haïti contribua à donner à la peinture indigéniste plus d'authenticité. Au point de vue formel, les indigénistes n'excluaient pas l'apport des techniques occidentales. Ils acceptaient donc le métissage : les courants de l'impressionnisme et surtout du réalisme seront exploités par nombre d'entre eux. Durant tout le siècle, cette démarche s'est imposée, à côté de l'art naïf, comme l'image de marque de la peinture d'Haïti, contribuant ainsi à fonder un nouveau standard.Dans cet article, nous chercherons à savoir si Jacques Gabriel (1934–1988) et Jean-René Jérôme (1952–1991), qui ont peint des scènes de la réalité locale, se démarquent du courant indigéniste. Nous nous poserons la question suivante : continuent-ils la tradition indigéniste ou inaugurent-ils une autre voie ? Cette question revêt une grande importance dans la conjoncture caribéenne actuelle où la tendance est à la réhabilitation de l'indigénisme. Elle est d'autant plus importante que la nécessité d'haïtianiser l'art a pénalisé de nombreux artistes au plan de la production et de la réception.Notre projet n'étant pas d'analyser tout l'œuvre de ces deux peintres, nous avons recouru à un corpus ciblé. Nous avons choisi d'analyser les œuvres de Gabriel et Jérôme en regard des œuvres de Pétion Savain (1906–1973), car ce dernier est le peintre le plus représentatif de l'indigénisme haïtien. Nous avons retenu Jérôme et Gabriel parce que nous les considérons comme des pionniers. Gabriel a fait de la peinture abstraite et du collage dès les années 60 du 20e siècle. Jérôme a fait une peinture surréaliste et est considéré comme le chef de fil d'un courant nouveau de la peinture haïtienne dénommé improprement École de la beauté.","PeriodicalId":137704,"journal":{"name":"Journal of Haitian Studies","volume":"21 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2019-04-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Journal of Haitian Studies","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.1353/jhs.2019.0004","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Abstract:Au début du 20e siècle, naissait en Haïti le mouvement indigéniste. De ce mouvement est issue une nouvelle peinture. Elle se proclame ethniciste, c'est-à-dire qu'elle privilégie l'histoire, la géographie, les paysages, le folklore et la culture d'Haïti. Elle met surtout en avant l'appartenance raciale à l'Afrique. Ainsi ont foisonné des tableaux où les scènes de marché, les scènes populaires paysannes, des natures mortes présentant les fruits et légumes du terroir et la race noire occupent une place de choix. Sous l'impulsion de Jacques Stephen Alexis qui prescrivait en 1951 que l'art fût réaliste, social et national, le courant indigéniste se renforça et l'entrée des « subalternes » sur la scène artistique d'Haïti contribua à donner à la peinture indigéniste plus d'authenticité. Au point de vue formel, les indigénistes n'excluaient pas l'apport des techniques occidentales. Ils acceptaient donc le métissage : les courants de l'impressionnisme et surtout du réalisme seront exploités par nombre d'entre eux. Durant tout le siècle, cette démarche s'est imposée, à côté de l'art naïf, comme l'image de marque de la peinture d'Haïti, contribuant ainsi à fonder un nouveau standard.Dans cet article, nous chercherons à savoir si Jacques Gabriel (1934–1988) et Jean-René Jérôme (1952–1991), qui ont peint des scènes de la réalité locale, se démarquent du courant indigéniste. Nous nous poserons la question suivante : continuent-ils la tradition indigéniste ou inaugurent-ils une autre voie ? Cette question revêt une grande importance dans la conjoncture caribéenne actuelle où la tendance est à la réhabilitation de l'indigénisme. Elle est d'autant plus importante que la nécessité d'haïtianiser l'art a pénalisé de nombreux artistes au plan de la production et de la réception.Notre projet n'étant pas d'analyser tout l'œuvre de ces deux peintres, nous avons recouru à un corpus ciblé. Nous avons choisi d'analyser les œuvres de Gabriel et Jérôme en regard des œuvres de Pétion Savain (1906–1973), car ce dernier est le peintre le plus représentatif de l'indigénisme haïtien. Nous avons retenu Jérôme et Gabriel parce que nous les considérons comme des pionniers. Gabriel a fait de la peinture abstraite et du collage dès les années 60 du 20e siècle. Jérôme a fait une peinture surréaliste et est considéré comme le chef de fil d'un courant nouveau de la peinture haïtienne dénommé improprement École de la beauté.