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Abstract
Parmi les formes ou genres litteraires qui constituent autant de manieres d’ecrire l’histoire, il existe des objets singuliers, qui emergent dans le paysage textuel europeen et nord-americain depuis les annees 1960, mais qui se sont imposes principalement a partir des annees 1990, et que je propose de nommer des factographies, parce qu’ils adoptent une ecriture des faits – historiques, juridiques, d’actualite – qui deroge aux normes habituelles de mise en œuvre litteraire du reel1. Ces formes litteraires se presentent comme des captations fragmentees du reel et des discours qui le constituent ; elles compilent des notes prises sur le vif ou des documents existants, transcrivent des propos entendus dans la rue aussi bien que des informations consignees dans les archives. Elles se donnent manifestement comme des œuvres non-fictionnelles ou factuelles ; pourtant, contrairement a l’immense majorite des litteratures factuelles, comme le temoignage ou la biographie, ces factographies n’adoptent pas la forme dominante d’ecriture du reel, a savoir le recit long. Elles se presentent davantage comme des recueils compilant des faits et des discours de nature heterogene, des objets qui preferent les modeles du montage et de l’enregistrement a ceux de la composition litteraire. Cet abandon du recit peut se lire comme un eloignement par rapport au discours historiographique, dont la narration constitue un des procedes essentiels. Il marque egalement une distance par rapport a la litteratur