{"title":"LE RÔLE POLITIQUE DE LA MÉMOIRE EN COLOMBIE ET AU CHILI : IMAGINAIRES, MOBILISATIONS, INSTITUTIONS","authors":"Marie-Christine Doran","doi":"10.7202/1071132ar","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Le Chili et la Colombie ont vecu des processus de sortie de violence bien differents : au Chili, sortie negociee par les elites d’une dictature marquee par la terreur d’Etat contre une population revendiquant la democratie; en Colombie, sortie graduelle d’un conflit arme aux multiples acteurs et paix fragmentee dans l’une des democraties les plus stables, sur le plan formel, d’Amerique latine. Un trait commun emerge pourtant dans les processus de construction de memoire de ces deux pays : la presence de mouvements mobilises autour de la memoire – notamment des groupes d’etudiants, d’afro-descendants, d’autochtones et de paysans, de femmes, c’est-a-dire que ces mouvements depassent le cercle des victimes directes. Ces mobilisations « populaires » pour la memoire semblent se situer ailleurs que sur le plan institutionnel puisque les deux pays presentent des contextes presque opposes, le Chili ayant adopte des politiques renforcant l’amnistie pour les crimes passes et de timides mesures commemoratives 20 ans apres la fin de la dictature, tandis que la Colombie, en plein coeur du conflit, a plutot adopte de nombreuses lois permettant une presence officielle de la memoire, notamment par la creation du Centre national de la memoire historique. Dans une perspective de politique comparee, ces contextes institutionnels si distincts posent la question des causes communes des fortes mobilisations pour la memoire issues « d’en bas » : des entretiens de participants des deux pays montrent que ces mouvements portent un role politique de la memoire et un imaginaire de la souffrance partagee face aux violences d’Etat, situant les violations passees des droits humains dans un continuum avec la violence structurelle et coloniale criminalisant encore les mouvements sociaux en democratie.","PeriodicalId":354270,"journal":{"name":"Les ateliers de l'éthique","volume":"11 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"1900-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"1","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Les ateliers de l'éthique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.7202/1071132ar","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Le Chili et la Colombie ont vecu des processus de sortie de violence bien differents : au Chili, sortie negociee par les elites d’une dictature marquee par la terreur d’Etat contre une population revendiquant la democratie; en Colombie, sortie graduelle d’un conflit arme aux multiples acteurs et paix fragmentee dans l’une des democraties les plus stables, sur le plan formel, d’Amerique latine. Un trait commun emerge pourtant dans les processus de construction de memoire de ces deux pays : la presence de mouvements mobilises autour de la memoire – notamment des groupes d’etudiants, d’afro-descendants, d’autochtones et de paysans, de femmes, c’est-a-dire que ces mouvements depassent le cercle des victimes directes. Ces mobilisations « populaires » pour la memoire semblent se situer ailleurs que sur le plan institutionnel puisque les deux pays presentent des contextes presque opposes, le Chili ayant adopte des politiques renforcant l’amnistie pour les crimes passes et de timides mesures commemoratives 20 ans apres la fin de la dictature, tandis que la Colombie, en plein coeur du conflit, a plutot adopte de nombreuses lois permettant une presence officielle de la memoire, notamment par la creation du Centre national de la memoire historique. Dans une perspective de politique comparee, ces contextes institutionnels si distincts posent la question des causes communes des fortes mobilisations pour la memoire issues « d’en bas » : des entretiens de participants des deux pays montrent que ces mouvements portent un role politique de la memoire et un imaginaire de la souffrance partagee face aux violences d’Etat, situant les violations passees des droits humains dans un continuum avec la violence structurelle et coloniale criminalisant encore les mouvements sociaux en democratie.