{"title":"Recherches théoriques et spéculatives : considérations méthodologiques et épistémologiques","authors":"S. Martineau, Denis Simard, Clermont Gauthier","doi":"10.7202/1085607ar","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Ce texte amorce une réflexion sur les aspects méthodologiques liés aux\nrecherches de nature théorique et spéculative en éducation. Plus\nparticulièrement, il vise à démontrer que ce type de recherche commande\nune méthodologie particulière qui se résume en trois axes fondamentaux :\n1) l’interpréter; 2) l’argumenter; 3) le raconter. Dès le départ, une première\ncaractérisation nous amène à proposer que la recherche spéculative vise à\nproduire des énoncés théoriques à partir d’autres énoncés théoriques. À\nl’inverse de la recherche de type terrain, elle ne travaille pas à partir de\ndonnées empiriques; l’écrit, le texte, constitue donc la source première de\nces énoncés (Van der Maren, 1995). Une seconde remarque nous permet\nde préciser que ce type de recherche ne consiste pas en une\ndémonstration menée à partir d’un « réel » observable et mesurable; elle\nvise plutôt à montrer, à mettre en scène, à peser le pour et le contre, à faire\ndes choix et à les soutenir au moyen d’une argumentation. Cette seconde\ncaractérisation nous renvoie à la distinction bien connue de Perelman entre\nl’argumentatif et le démonstratif (1977). Dans le cadre argumentatif qui est\nle nôtre, les conclusions correspondent à des choix entre des possibles.\nUne troisième caractérisation a trait à la construction du « réel ». « L’auteur\nd’une thèse en Sciences humaines, précise Bernadette Plot, doit donc\nconstituer dans l’écriture son « réel » de manière à ce qu’il apparaisse le plus\nconvaincant possible » (1986, p. 14).\n Il s’agit donc de construire un « réel » vraisemblable, acceptable.\nFinalement, la quatrième caractérisation, plus générale, nous renvoie à ce\nque Judith Schlanger (1983) nomme « l’oeuvre intellectuelle ». Celle-ci,\nimplique trois dimensions : 1) cognitive, parce qu’elle vise la connaissance;\n2) discursive, parce que le désir de connaître s’investit intellectuellement\ndans un énoncé; 3) inscrite dans une oeuvre, parce que l’invention\nintellectuelle s’objective dans une construction qui peut survivre à son\nauteur. Enfin, le texte établit quelques liens entre la production de\nconnaissances en sciences et la production artistique. À cette occasion, en\nsuivant les thèses de Brown (1989), nous proposons une autre manière\nd’utiliser et de comprendre les notions de « point de vue », de « métaphore »\net « d’ironie » dans les écrits en sciences de l’éducation.","PeriodicalId":264196,"journal":{"name":"Recherches qualitatives","volume":"29 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2022-01-28","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"4","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Recherches qualitatives","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.7202/1085607ar","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
引用次数: 4
Abstract
Ce texte amorce une réflexion sur les aspects méthodologiques liés aux
recherches de nature théorique et spéculative en éducation. Plus
particulièrement, il vise à démontrer que ce type de recherche commande
une méthodologie particulière qui se résume en trois axes fondamentaux :
1) l’interpréter; 2) l’argumenter; 3) le raconter. Dès le départ, une première
caractérisation nous amène à proposer que la recherche spéculative vise à
produire des énoncés théoriques à partir d’autres énoncés théoriques. À
l’inverse de la recherche de type terrain, elle ne travaille pas à partir de
données empiriques; l’écrit, le texte, constitue donc la source première de
ces énoncés (Van der Maren, 1995). Une seconde remarque nous permet
de préciser que ce type de recherche ne consiste pas en une
démonstration menée à partir d’un « réel » observable et mesurable; elle
vise plutôt à montrer, à mettre en scène, à peser le pour et le contre, à faire
des choix et à les soutenir au moyen d’une argumentation. Cette seconde
caractérisation nous renvoie à la distinction bien connue de Perelman entre
l’argumentatif et le démonstratif (1977). Dans le cadre argumentatif qui est
le nôtre, les conclusions correspondent à des choix entre des possibles.
Une troisième caractérisation a trait à la construction du « réel ». « L’auteur
d’une thèse en Sciences humaines, précise Bernadette Plot, doit donc
constituer dans l’écriture son « réel » de manière à ce qu’il apparaisse le plus
convaincant possible » (1986, p. 14).
Il s’agit donc de construire un « réel » vraisemblable, acceptable.
Finalement, la quatrième caractérisation, plus générale, nous renvoie à ce
que Judith Schlanger (1983) nomme « l’oeuvre intellectuelle ». Celle-ci,
implique trois dimensions : 1) cognitive, parce qu’elle vise la connaissance;
2) discursive, parce que le désir de connaître s’investit intellectuellement
dans un énoncé; 3) inscrite dans une oeuvre, parce que l’invention
intellectuelle s’objective dans une construction qui peut survivre à son
auteur. Enfin, le texte établit quelques liens entre la production de
connaissances en sciences et la production artistique. À cette occasion, en
suivant les thèses de Brown (1989), nous proposons une autre manière
d’utiliser et de comprendre les notions de « point de vue », de « métaphore »
et « d’ironie » dans les écrits en sciences de l’éducation.