{"title":"«En trou si beau adultère est béni» : poétique du jeu de mots dans Histoirede Claude Simon","authors":"Ilias Yocaris","doi":"10.1515/9783110586459-005","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Nous nous proposons d’étudier les jeux de mots observables dans le roman de Claude Simon Histoire (1967). La prédilection de Simon pour les jeux de mots, bien connue de la critique, s’explique avant tout par des considérations d’ordre compositionnel. En effet, comme il l’explique dans le Discours de Stockholm, le travail fourni dans ses romans pour styliser la matière verbale vise à faire en sorte que le déploiement du récit « ne [relève] plus d’une causalité extérieure au fait littéraire, comme la causalité d’ordre psycho-social qui est de règle dans le roman traditionnel dit réaliste, mais d’une causalité intérieure, en ce sens que tel événement [...] suivra ou précédera tel autre en raison de leurs seules qualités propres ». Or, les jeux de mots sont par définition le procédé stylistique le plus à même d’ordonner les récits simoniens en fonction d’une causalité interne reposant sur leurs seules propriétés formelles. Ceux qui sont mis en avant dans Histoire (homonymies, paronomases, réactivations étymologiques, syllepses de sens, mots-valises, rapprochements verbo-iconiques, emploi de tropes surmotivés...) relèvent donc d’une logique langagière qui les rend « textuellement indispensables » : chacun d’entre eux fait partie intégrante d’un dispositif stylistique très complexe, avec lequel il interagit de façon holistique. Comme nous allons le montrer, leur utilisation relève d’une triple finalité : (a) une finalité organisationnelle (ils permettent de densifier le texte, en créant un tissu de relations multidirectionnelles entre ses différentes composantes) ; (b) une finalité référentielle (ils contribuent à accroître le potentiel investigateur de la langue « ordinaire ») ; (c) une finalité métatextuelle (ils attirent l’attention du lecteur sur la matérialité verbale du récit simonien, tout en modélisant ses structures et son mode de fonctionnement).","PeriodicalId":223700,"journal":{"name":"Jeux de mots, textes et contextes","volume":"16 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2018-10-22","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Jeux de mots, textes et contextes","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.1515/9783110586459-005","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0
Abstract
Nous nous proposons d’étudier les jeux de mots observables dans le roman de Claude Simon Histoire (1967). La prédilection de Simon pour les jeux de mots, bien connue de la critique, s’explique avant tout par des considérations d’ordre compositionnel. En effet, comme il l’explique dans le Discours de Stockholm, le travail fourni dans ses romans pour styliser la matière verbale vise à faire en sorte que le déploiement du récit « ne [relève] plus d’une causalité extérieure au fait littéraire, comme la causalité d’ordre psycho-social qui est de règle dans le roman traditionnel dit réaliste, mais d’une causalité intérieure, en ce sens que tel événement [...] suivra ou précédera tel autre en raison de leurs seules qualités propres ». Or, les jeux de mots sont par définition le procédé stylistique le plus à même d’ordonner les récits simoniens en fonction d’une causalité interne reposant sur leurs seules propriétés formelles. Ceux qui sont mis en avant dans Histoire (homonymies, paronomases, réactivations étymologiques, syllepses de sens, mots-valises, rapprochements verbo-iconiques, emploi de tropes surmotivés...) relèvent donc d’une logique langagière qui les rend « textuellement indispensables » : chacun d’entre eux fait partie intégrante d’un dispositif stylistique très complexe, avec lequel il interagit de façon holistique. Comme nous allons le montrer, leur utilisation relève d’une triple finalité : (a) une finalité organisationnelle (ils permettent de densifier le texte, en créant un tissu de relations multidirectionnelles entre ses différentes composantes) ; (b) une finalité référentielle (ils contribuent à accroître le potentiel investigateur de la langue « ordinaire ») ; (c) une finalité métatextuelle (ils attirent l’attention du lecteur sur la matérialité verbale du récit simonien, tout en modélisant ses structures et son mode de fonctionnement).