{"title":"Faux Messies et vrais démons. L’écran fantastique de l’histoire dans la littérature yiddish de l’entre-deux guerres","authors":"Carole Ksiazenicer-Matheron","doi":"10.58282/colloques.2101","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Representer l’histoire ne va pas de soi en contexte juif1, et la litterature yiddish, expression multi-seculaire de la vie ashkenaze, connait a la periode moderne des developpements qui temoignent d’une evolution intrinseque, mais egalement de la naissance conjointe de l’historiographie. Ce mouvement d’ecriture de l’histoire s’inscrit dans la lignee des changements conceptuels introduits par la Wissenschaft des Judentums (la « science du judaisme ») et l’ouverture disciplinaire resultant des Lumieres.Ainsi, l’entre-deux-guerres condense et radicalise des evolutions qui se situent en amont, liees a la secularisation et a la modernisation de la societe juive en Europe orientale, ainsi qu’aux transformations des savoirs. En s’ouvrant a la representation du mouvement de l’histoire, la litterature permet de developper des regimes d’historicite (F. Hartog) jusqu’alors inedits, et accede a de nouveaux objets de representation, a une repartition differente du visible par rapport aux modes memoriels de la tradition, davantage inspires par les rituels de la parole et de l’echange dialogique. Cette periode, on le sait, se caracterise par la brutalisation des societes issues de la Grande Guerre2, et assiste a la naissance des mouvements totalitaires, qui procedent a ce que Walter Benjamin definit comme des formes d’« esthetisation de la politique3 ». Lire la litterature yiddish en correlation avec les ecrits de W. Benjamin, de S. Kracauer, (pour sa theorie de l’ornement de la masse4), o","PeriodicalId":335860,"journal":{"name":"Littérature et histoire en débats","volume":"61 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2013-09-28","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Littérature et histoire en débats","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58282/colloques.2101","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Representer l’histoire ne va pas de soi en contexte juif1, et la litterature yiddish, expression multi-seculaire de la vie ashkenaze, connait a la periode moderne des developpements qui temoignent d’une evolution intrinseque, mais egalement de la naissance conjointe de l’historiographie. Ce mouvement d’ecriture de l’histoire s’inscrit dans la lignee des changements conceptuels introduits par la Wissenschaft des Judentums (la « science du judaisme ») et l’ouverture disciplinaire resultant des Lumieres.Ainsi, l’entre-deux-guerres condense et radicalise des evolutions qui se situent en amont, liees a la secularisation et a la modernisation de la societe juive en Europe orientale, ainsi qu’aux transformations des savoirs. En s’ouvrant a la representation du mouvement de l’histoire, la litterature permet de developper des regimes d’historicite (F. Hartog) jusqu’alors inedits, et accede a de nouveaux objets de representation, a une repartition differente du visible par rapport aux modes memoriels de la tradition, davantage inspires par les rituels de la parole et de l’echange dialogique. Cette periode, on le sait, se caracterise par la brutalisation des societes issues de la Grande Guerre2, et assiste a la naissance des mouvements totalitaires, qui procedent a ce que Walter Benjamin definit comme des formes d’« esthetisation de la politique3 ». Lire la litterature yiddish en correlation avec les ecrits de W. Benjamin, de S. Kracauer, (pour sa theorie de l’ornement de la masse4), o