{"title":"Littérature et histoire en Afrique : déjouer le piège impérial","authors":"X. Garnier","doi":"10.58282/colloques.2083","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"« On nous a pique cinq siecles » declare a qui veut l’entendre l’ecrivain congolais Sony Labou Tansi. Le debarquement des Portugais sur les cotes atlantiques de l’Afrique centrale au xvesiecle, qui amenera l’effondrement du Royaume du Kongo, est ressenti par cet ecrivain comme une preemption sur l’Histoire du pays. Ainsi le contact avec l’Europe aurait ouvert un trou historique dans lequel seraient tombes les peuples africains, telle est la vision que nous propose cet ecrivain qui cherche a rendre compte d’une experience, ou plutot de ce que les adeptes d’exactitudes factuelles appellent un « ressenti ».Le probleme pose n’est pas de savoir si l’histoire a continue a avancer en Afrique apres le xve siecle, mais pourquoi ses acteurs se sont retrouves etrangement places a cote de leurs actes, comme si on les en depossedaient au fur et a mesure qu’ils les posaient. Tout se passe comme si l’Afrique s’etait retrouvee prise dans un dispositif imperial qui a mis l’histoire du continent dans une case bien verrouillee dont les ecrivains cherchent la cle. Car l’empire est avant tout un dispositif spatial qui a demultiplie les histoires regionales ou locales et remet les acteurs a leur place, dans des contextes bien circonscrits. Les travaux d’Edward Said sur l’orientalisme et plus generalement sur l’imperialisme donnent tout son sens a la boutade de Sony Labou Tansi que l’on pourrait traduire ainsi : notre histoire, meme quand nous essayons de la documenter nous-memes, ne nous appartien","PeriodicalId":335860,"journal":{"name":"Littérature et histoire en débats","volume":"91 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2013-09-28","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Littérature et histoire en débats","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58282/colloques.2083","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0
Abstract
« On nous a pique cinq siecles » declare a qui veut l’entendre l’ecrivain congolais Sony Labou Tansi. Le debarquement des Portugais sur les cotes atlantiques de l’Afrique centrale au xvesiecle, qui amenera l’effondrement du Royaume du Kongo, est ressenti par cet ecrivain comme une preemption sur l’Histoire du pays. Ainsi le contact avec l’Europe aurait ouvert un trou historique dans lequel seraient tombes les peuples africains, telle est la vision que nous propose cet ecrivain qui cherche a rendre compte d’une experience, ou plutot de ce que les adeptes d’exactitudes factuelles appellent un « ressenti ».Le probleme pose n’est pas de savoir si l’histoire a continue a avancer en Afrique apres le xve siecle, mais pourquoi ses acteurs se sont retrouves etrangement places a cote de leurs actes, comme si on les en depossedaient au fur et a mesure qu’ils les posaient. Tout se passe comme si l’Afrique s’etait retrouvee prise dans un dispositif imperial qui a mis l’histoire du continent dans une case bien verrouillee dont les ecrivains cherchent la cle. Car l’empire est avant tout un dispositif spatial qui a demultiplie les histoires regionales ou locales et remet les acteurs a leur place, dans des contextes bien circonscrits. Les travaux d’Edward Said sur l’orientalisme et plus generalement sur l’imperialisme donnent tout son sens a la boutade de Sony Labou Tansi que l’on pourrait traduire ainsi : notre histoire, meme quand nous essayons de la documenter nous-memes, ne nous appartien