{"title":"« Ô pli du temps, ô strates de la mémoire ». Des poèmes-témoignages en Corée","authors":"C. Mouchard","doi":"10.58282/colloques.2109","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"« je bois le lait aigre du temps »Yi Yon-ju« une femme s’en va sans un motet la porte en acier gris de la mer se referme »Choe Sung-jaLa vie, aujourd’hui encore, a chante le prelude de la mort Ce chant, quand finira-t-il ? Les humains… Dansent Sur le chant de la vie corrosif jusqu’a la moelle des os. Avant que le soleil ne se couche, Ils n’ont pas eu le temps de penser A l’epouvante de la fin de ce chant. Celui qui lanca ce chant en plein cœur du ciel, Comme pour l’y graver avec precision, qui est-il ? Et puis, celui qui interrompit ce chant, Comme une fin d’orage, qui est-il ? Grands hommes, vainqueurs de la mort Dont, une fois disparus, il ne reste que les os !Ces vers, tires du poeme intitule « La vie et la mort » de Yun Tong-ju (date du 24-12-1934), surgissent comme pour faire exploser les bords du temps1. Dans ces vers rapides de Yu Tong-ju, la vie humaine apparait elle-meme comme un chant ou une danse. Lancee en plein ciel, elle va etre interrompue. Quelles traces une vie laissera-t-elle ? Qu’aura-t-elle « grave avec precision », et dans quel ciel qui serait alors le support d’un trace, voire d’une ecriture lumineuse ? L’interrogation, dans ce poeme semble bien prendre un tour religieux. « Celui qui lanca », « celui qui interrompit » : n’est-ce pas une presence transcendante que le poeme voudrait deviner ? Il reste que l’interrogation est d’abord poetique. Pour dire la vie, le geste meme du poeme s’elance comme une danse. Cependant, moins fugace que les pas et gestes","PeriodicalId":335860,"journal":{"name":"Littérature et histoire en débats","volume":"70 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2013-09-28","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Littérature et histoire en débats","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58282/colloques.2109","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
« je bois le lait aigre du temps »Yi Yon-ju« une femme s’en va sans un motet la porte en acier gris de la mer se referme »Choe Sung-jaLa vie, aujourd’hui encore, a chante le prelude de la mort Ce chant, quand finira-t-il ? Les humains… Dansent Sur le chant de la vie corrosif jusqu’a la moelle des os. Avant que le soleil ne se couche, Ils n’ont pas eu le temps de penser A l’epouvante de la fin de ce chant. Celui qui lanca ce chant en plein cœur du ciel, Comme pour l’y graver avec precision, qui est-il ? Et puis, celui qui interrompit ce chant, Comme une fin d’orage, qui est-il ? Grands hommes, vainqueurs de la mort Dont, une fois disparus, il ne reste que les os !Ces vers, tires du poeme intitule « La vie et la mort » de Yun Tong-ju (date du 24-12-1934), surgissent comme pour faire exploser les bords du temps1. Dans ces vers rapides de Yu Tong-ju, la vie humaine apparait elle-meme comme un chant ou une danse. Lancee en plein ciel, elle va etre interrompue. Quelles traces une vie laissera-t-elle ? Qu’aura-t-elle « grave avec precision », et dans quel ciel qui serait alors le support d’un trace, voire d’une ecriture lumineuse ? L’interrogation, dans ce poeme semble bien prendre un tour religieux. « Celui qui lanca », « celui qui interrompit » : n’est-ce pas une presence transcendante que le poeme voudrait deviner ? Il reste que l’interrogation est d’abord poetique. Pour dire la vie, le geste meme du poeme s’elance comme une danse. Cependant, moins fugace que les pas et gestes