{"title":"H","authors":"Mythologie ET Littérature, L. D. Heusch","doi":"10.2307/j.ctvx077ht.11","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"L'un des meilleurs spécialistes de la très riche littérature orale rwandaise publie ici une passionnante anthologie de trente récits populaires, tirés d'un ensemble de près de six cents textes recueillis en 1967 et en 1972. On retrouvera dans cet ouvrage, remarquable par la précision et l'acuité de l'introduction, le soin, le goût et la sensibilité habituels (mais dignes d'éloges renouvelés) apportés par les éditeurs de la collection « Classiques africains » à la notation des langues africaines et à la traduction juxtalinéaire. Pierre Smith examine d'abord les distinctions introduites par la langue rwandaise elle-même, pour constater que le découpage proposé du vaste domaine des récits n'est que partiellement satisfaisant. Non seulement l'attribution d'un récit particulier à tel ou tel genre {imigani : contes ou proverbes, ibiteekerezo : récits à vocation historique, etc.) fait problème aux oreilles des intéressés euxmêmes, mais surtout cette classification incertaine passe à côté des catégories réellement opératoires de la littérature rwandaise. Tel est le premier aspect de cette thèse brillante et paradoxale qui, par souci de définir la spécificité de la littérature, s'ouvre à l'intériorité secrète de l'expression. L'auteur écarte délibérément de son recueil la littérature savante (élaborée par des spécialistes autour du roi et des nobles) qui a déjà retenu l'attention de nombreux collecteurs et analystes (Kagame, Coupez & Kamanzi, en particulier). Cependant, il y inclut un certain nombre de récits d'origine savante, captés et déformés par la veine populaire. Une première caractéristique sociologique de ce corpus est sa remarquable homogénéité dans l'ensemble du pays, en dépit de l'inégale emprise du pouvoir central sur les régions périphériques : « Le Rwanda politique pouvait être divers, le Rwanda symbolique, lui, maintenait son unité profonde » (p. 18). En revanche, l'auteur note des différences considérables d'un conteur à l'autre, à l'intérieur d'un même terroir. Celles-ci ne sont pas d'égale qualité et Pierre Smith estime que le principe structuraliste de l'équivalence des variantes ne peut être appliqué à l'analyse littéraire proprement dite. Il s'autorise d'un très vaste échantillon pour affirmer qu'il y a, à côté de bonnes","PeriodicalId":441137,"journal":{"name":"The Origins of Catholic Words","volume":"7 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2020-01-31","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"The Origins of Catholic Words","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.2307/j.ctvx077ht.11","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0
Abstract
L'un des meilleurs spécialistes de la très riche littérature orale rwandaise publie ici une passionnante anthologie de trente récits populaires, tirés d'un ensemble de près de six cents textes recueillis en 1967 et en 1972. On retrouvera dans cet ouvrage, remarquable par la précision et l'acuité de l'introduction, le soin, le goût et la sensibilité habituels (mais dignes d'éloges renouvelés) apportés par les éditeurs de la collection « Classiques africains » à la notation des langues africaines et à la traduction juxtalinéaire. Pierre Smith examine d'abord les distinctions introduites par la langue rwandaise elle-même, pour constater que le découpage proposé du vaste domaine des récits n'est que partiellement satisfaisant. Non seulement l'attribution d'un récit particulier à tel ou tel genre {imigani : contes ou proverbes, ibiteekerezo : récits à vocation historique, etc.) fait problème aux oreilles des intéressés euxmêmes, mais surtout cette classification incertaine passe à côté des catégories réellement opératoires de la littérature rwandaise. Tel est le premier aspect de cette thèse brillante et paradoxale qui, par souci de définir la spécificité de la littérature, s'ouvre à l'intériorité secrète de l'expression. L'auteur écarte délibérément de son recueil la littérature savante (élaborée par des spécialistes autour du roi et des nobles) qui a déjà retenu l'attention de nombreux collecteurs et analystes (Kagame, Coupez & Kamanzi, en particulier). Cependant, il y inclut un certain nombre de récits d'origine savante, captés et déformés par la veine populaire. Une première caractéristique sociologique de ce corpus est sa remarquable homogénéité dans l'ensemble du pays, en dépit de l'inégale emprise du pouvoir central sur les régions périphériques : « Le Rwanda politique pouvait être divers, le Rwanda symbolique, lui, maintenait son unité profonde » (p. 18). En revanche, l'auteur note des différences considérables d'un conteur à l'autre, à l'intérieur d'un même terroir. Celles-ci ne sont pas d'égale qualité et Pierre Smith estime que le principe structuraliste de l'équivalence des variantes ne peut être appliqué à l'analyse littéraire proprement dite. Il s'autorise d'un très vaste échantillon pour affirmer qu'il y a, à côté de bonnes