L'infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) est classiquement caractérisée par la réduction progressive dans le sang du nombre de lymphocytes T exprimant le récepteur CD4 pour le VIH. Ces lymphocytes sont la dible du virus du fait de l'expression de la molécule CD4 et des molécules CCR5 et CXCR4, récepteurs de chimiokines et corécepteurs du VIH. Pendant la phase aiguë de l'infection rétrovirale, la réponse initiale spécifique du VIH met en jeu des effectuers de l'immunité cellulaire tels que les lymphocytes T CD4 auxillaires, producteurs de cytokines et de chimiokines et les lymphocytes T CD8 cytotoxiques, capables de reconnaître spécifiquement et de détruire les cellules infectées par le VIH. Cette réponse immunitaire, qui aboutit dans la plupart des infections à l'élimination de l'agent pathogène, ne permet pas d'éliminer le VIH ni même de contrôler suffisamment sa réplication, ce qui conduit à la destruction des tissus lymphoïdes où générés les effecteurs de l'immunité et où a lieu la réponse immunitaire [36].
L'image de la pathogenèse du sida a beaucoup évolué ces dernières années, notamment grâce à une meilleure compréhension de la relation entre la dynamique de la réplication virale et la progression de l'infection, et aussi grâce au développement de nouvelles thérapies antirétrovirales qui inhibent efficacement le VIH et améliorent le statut clinique des patients. Pourtant, la question de la nature des mécanismes cellulaires et moléculaires qui contribuent à la disparition des lymphocytes T CD4 au cours de cette infection n'est toujours pas résolue [17]. Initialement, la découverte que la molécule CD4 était le récepteur pour le VIH a suggéré que la dispartition des lymphocytes exprimant ce récepteur était la conséquence directe de leur destruction pendant la phase productive du cycle viral. Cependant, l'observation dans les ganglions de patients infectés par le VIH d'un taux important de mort cellulaire par apoptose touchant surtout les lymphocytes T CD4 non infectés mais aussi les lymphocytes T CD8, les lymphocytes B, les cellules NK (natural killer) et les cellules dendritiques [3], [13], [40], suggère que cette infection est associée à une destruction lymphocytaire massive, non limitée aux lymphocytes T CD4, et qui met en jeus des mécanismes indirects de destruction cellulaire. L'altération progressive du système immunitaire chez les personnes infectées par le VIH serait donc en partie la conséquence du déclenchement d'un programme de mort cellulaire par apoptose qui toucherait non seulement les cellules directement infectées par le virus mais aussi les cellules non infectées [2], [15], [16].