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Bien plus tôt, à la fin du XIXe siècle, dans les textes fondateurs de la sémiotique de Peirce, la notion tenait aussi une place centrale, fort différente de celle défendue par l’approche narrative. Dans ses Écrits sur le signe, Peirce employait le terme pour décrire deux types de réalités : d’un côté, la réalité telle qu’elle est idéalement, avant tout investissement sémantique, riche de toutes ses potentialités de sens (l’« objet dynamique ») ; de l’autre, cette même réalité, mais telle que perçue dans l’expérience, saisie hic et nunc (l’« objet immédiat »)3. Avec Peirce et Greimas, on a ainsi deux conceptions de l’objet relativement antagonistes, mais qui se rejoignent tout de même sur un aspect intéressant : leur idéalité (une idéalité conceptuelle chez Greimas, une idéalité métaphysique chez Peirce). Pourtant, on sait bien qu’un objet n’est pas qu’une idéalité, qu’il est aussi, voire d’abord, une matérialité dont on fait l’expérience substantiellement. 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Les métamorphoses de l’objet : aperçu d’une sémiotique des corps-actants
Introduction : de l’objet au corps-actant Il est peu probable qu’on trouve un écrit sémiotique ne faisant pas mention de l’objet. Ce terme a toujours tenu une place de choix au sein de la discipline1. On le trouve par exemple dans la théorie narrative de Greimas, élaborée au milieu des années 1960, où il sert à qualifier une abstraction qui peut renvoyer à n’importe quel ordre de réalité. C’est l’objet au sens d’objet de valeur : un simulacre sur lequel sont projetés des contenus, des désirs et des croyances. Dans les termes de la sémiotique greimassienne, cet objet est plus exactement un actant, c’est-à-dire un rôle ayant une pertinence dans le cadre d’une relation contractée avec un autre actant, le sujet2. Bien plus tôt, à la fin du XIXe siècle, dans les textes fondateurs de la sémiotique de Peirce, la notion tenait aussi une place centrale, fort différente de celle défendue par l’approche narrative. Dans ses Écrits sur le signe, Peirce employait le terme pour décrire deux types de réalités : d’un côté, la réalité telle qu’elle est idéalement, avant tout investissement sémantique, riche de toutes ses potentialités de sens (l’« objet dynamique ») ; de l’autre, cette même réalité, mais telle que perçue dans l’expérience, saisie hic et nunc (l’« objet immédiat »)3. Avec Peirce et Greimas, on a ainsi deux conceptions de l’objet relativement antagonistes, mais qui se rejoignent tout de même sur un aspect intéressant : leur idéalité (une idéalité conceptuelle chez Greimas, une idéalité métaphysique chez Peirce). Pourtant, on sait bien qu’un objet n’est pas qu’une idéalité, qu’il est aussi, voire d’abord, une matérialité dont on fait l’expérience substantiellement. Cet objet, qui se caractérise par sa corporéité, n’a intéressé les sémioticiens que tardivement, puisque l’appareil théorique qui s’est donné pour tâche