La production biomédicale d’enfants : entre stratification et globalisation

Associer économie et procréation comme le suggère l’intitulé de ce numéro peut de prime abord surprendre� La procréation est d’ordinaire classée dans le registre de la biologie ou de la psychologie, véhiculant l’idée que désirer et faire un enfant découleraient naturellement des corps et identités féminins et échapperaient à toute forme de rationalité gestionnaire et calculatrice� De plus, la procréation relèverait de l’ordre du privé et serait éloignée des logiques et enjeux économiques qui gouvernent la vie politique� Pourtant, les liens entre procréation et économie sont plus importants qu’il n’y paraît� Aborder les dimensions économiques de la procréation avec une perspective de genre permet, d’une part, de l’envisager comme un travail socialement organisé de production d’enfants qui peut prendre différentes formes selon les contextes socio-historiques, les espaces et les acteur·e·s en jeu� D’autre part, cela permet de montrer comment la procréation fait l’objet d’un intérêt économique croissant, avec le développement et la globalisation de technologies médicales cherchant à remédier aux problèmes de fertilité, telles que la fécondation in vitro� Muées en service, la production de gamètes — spermatozoïdes et ovules — et la grossesse elle-même sont au cœur de multiples transactions, circulations et spéculations économiques qui participent à ce que l’on peut qualifier de véritable marché globalisé de la procréation médicalement assistée (PMA)�