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Rationalisation du drame et réappropriation du corps des jeunes en établissement pour accidentés de la route
L’article s’appuie sur une enquête qualitative menée auprès de jeunes accidentés de la route âgés de 15 à 24 ans et séjournant dans un centre de rééducation. Il propose une analyse portant sur le sens qu’ils donnent à leur expérience de l’épreuve du corps et des soins inscrite dans une trajectoire marquée par un évènement majeur qui n’est ni voulu ni attendu. La démarche privilégie des entretiens semi-directifs d’une durée relativement longue – entre 1 heure et 4 heures – reconduits à plusieurs moments de leur parcours de soin. Comment des jeunes hospitalisés dans un établissement pour accidentés de la route se réapproprient leur corps, et comment cette appropriation les aide-t-elle à faire du tragique un bénéfice en vue de leur passage à l’âge adulte ? L’article montre que si le drame de l’accident a remis en cause leur vie, il rend nécessaire la rationalisation de l’événement pour surmonter les changements produits sur le corps. Du reste, ce travail est mené dans un contexte précis, le centre hospitalier de rééducation. Cela oblige à voir l’appropriation de l’accident et son impact sur les trajectoires de vie comme un processus contextualisé. La transformation de l’accident en « évènement bénéfique » dépend donc des autres, les soignants et les pairs, autant que des jeunes eux-mêmes et de leurs parents. Du reste, la dépendance au contexte fragilise le processus puisqu’un changement de contexte risque de ne pas produire les mêmes effets subjectifs.