{"title":"素描或通过图像思考的艺术","authors":"Audrey Moutat","doi":"10.4000/SIGNATA.2310","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Selon Aristote, « l’âme ne pense pas sans image » ; l’image est une instance mediatrice entre le monde sensible et l’esprit. D’ailleurs, si l’on se tourne vers le grec theoria, on constate que c’est notamment la pensee qui emerge de la contemplation des images. Ainsi pensee et image entretiennent-elles des liens tres etroits.C’est dans cette perspective que nous proposons d’ouvrir notre reflexion, a travers une etude de croquis realises en pratique de reflexion et de demonstration, lors du travail preparatoire de designers. Support d’elaboration de la pensee, le croquis ne se fonde pas sur un rapport mimetique a l’objet mais sur un rapport structurel et mereologique qui invite a la double question suivante : l’image figure-t-elle le rapport intersubjectif que le sujet entretient avec l’objet de la connaissance ou bien la connaissance elle-meme ? En outre, l’efficience de l’exercice de la connaissance repose essentiellement sur la scene pratique de la demonstration qui en constitue son plan d’immanence. En effet, en dehors de cette situation d’enonciation, les fonctions explicatives du croquis peuvent s’averer inoperantes. Ainsi, l’image implique un rapport perceptif specifique, celui d’un sujet connaissant a un objet de connaissance dans une perspective communicationnelle et participative. Ce qui est a comprendre n’est pas ce que represente l’image mais ce qu’elle donne a experimenter. Et c’est precisement ce moment ou le demonstrateur montre qu’il est en train de montrer qui fait de l’image un objet de connaissance.Nous tâcherons notamment de definir le statut de l’image dans le processus semiosique d’une part, dans la genese d’une connaissance d’autre part. Il s’agira en effet (i) de situer le centre de gravite semiosique du croquis, qui ne se trouve pas dans son horizon (Bordron) mais dans l’effectuation de son plan d’expression (entre image-ecriture et image-evenement) ; (ii) de montrer comment le croquis convoque les experiences et perceptions actuelles et anterieures dans un mouvement de « constellation » (Benjamin) et opere un reglage diagrammatique (Peirce) entre l’objet de connaissance et son mode de (re)presentation.","PeriodicalId":36048,"journal":{"name":"Signata","volume":"33 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2019-06-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Le croquis ou l’art de penser par l’image\",\"authors\":\"Audrey Moutat\",\"doi\":\"10.4000/SIGNATA.2310\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"Selon Aristote, « l’âme ne pense pas sans image » ; l’image est une instance mediatrice entre le monde sensible et l’esprit. 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En effet, en dehors de cette situation d’enonciation, les fonctions explicatives du croquis peuvent s’averer inoperantes. Ainsi, l’image implique un rapport perceptif specifique, celui d’un sujet connaissant a un objet de connaissance dans une perspective communicationnelle et participative. Ce qui est a comprendre n’est pas ce que represente l’image mais ce qu’elle donne a experimenter. Et c’est precisement ce moment ou le demonstrateur montre qu’il est en train de montrer qui fait de l’image un objet de connaissance.Nous tâcherons notamment de definir le statut de l’image dans le processus semiosique d’une part, dans la genese d’une connaissance d’autre part. 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Selon Aristote, « l’âme ne pense pas sans image » ; l’image est une instance mediatrice entre le monde sensible et l’esprit. D’ailleurs, si l’on se tourne vers le grec theoria, on constate que c’est notamment la pensee qui emerge de la contemplation des images. Ainsi pensee et image entretiennent-elles des liens tres etroits.C’est dans cette perspective que nous proposons d’ouvrir notre reflexion, a travers une etude de croquis realises en pratique de reflexion et de demonstration, lors du travail preparatoire de designers. Support d’elaboration de la pensee, le croquis ne se fonde pas sur un rapport mimetique a l’objet mais sur un rapport structurel et mereologique qui invite a la double question suivante : l’image figure-t-elle le rapport intersubjectif que le sujet entretient avec l’objet de la connaissance ou bien la connaissance elle-meme ? En outre, l’efficience de l’exercice de la connaissance repose essentiellement sur la scene pratique de la demonstration qui en constitue son plan d’immanence. En effet, en dehors de cette situation d’enonciation, les fonctions explicatives du croquis peuvent s’averer inoperantes. Ainsi, l’image implique un rapport perceptif specifique, celui d’un sujet connaissant a un objet de connaissance dans une perspective communicationnelle et participative. Ce qui est a comprendre n’est pas ce que represente l’image mais ce qu’elle donne a experimenter. Et c’est precisement ce moment ou le demonstrateur montre qu’il est en train de montrer qui fait de l’image un objet de connaissance.Nous tâcherons notamment de definir le statut de l’image dans le processus semiosique d’une part, dans la genese d’une connaissance d’autre part. Il s’agira en effet (i) de situer le centre de gravite semiosique du croquis, qui ne se trouve pas dans son horizon (Bordron) mais dans l’effectuation de son plan d’expression (entre image-ecriture et image-evenement) ; (ii) de montrer comment le croquis convoque les experiences et perceptions actuelles et anterieures dans un mouvement de « constellation » (Benjamin) et opere un reglage diagrammatique (Peirce) entre l’objet de connaissance et son mode de (re)presentation.