L’image de Mazarin dans le De rebus gallicis de Benjamin Priolo

Abstract Cet article porte sur l’image de Mazarin dans le De rebus gallicis (1665), une histoire du ministère centrée sur la Fronde, écrite par Benjamin Priolo, ancien secrétaire du duc de Longueville, espion du Cardinal, pensionné par ce dernier, et dont l’ambiguïté pendant la Fronde se retrouve dans le récit qu’il en donne. Ainsi, derrière l’éloge de façade du ministre reposant sur les lieux attendus du panégyrique, notamment les vertus cardinales, le recours aux ornements d’un style ‘oraculaire’, émaillé de sentences à déchiffrer dans le goût d’un Tacite relu par Lipse, la manipulation du discours d’autrui, la présentation apparemment neutre d’interprétations diverses d’un même événement, la critique même des ennemis de Mazarin sont autant de stratégies permettant de donner des gages au pouvoir tout en insufflant dans le texte une dimension critique visant notamment l’ambition du Cardinal, sa fausse prudence et son manque d’intelligence politique. Derrière cette diatribe, il y a chez l’historien une volonté de justifier ses actions pendant la Fronde, certes, mais aussi une critique moraliste des vices cachés et des fausses vertus des protagonistes de la Fronde, voire, plus profondément, une réflexion sceptique sur l’histoire et sa portée exemplaire.