{"title":"下肢闭塞性动脉疾病","authors":"F. Becker","doi":"10.1016/j.jmv.2015.12.034","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><p>Cinquantenaire du Collège français de pathologie vasculaire oblige, les organisateurs de cette séance nous invitent à nous pencher sur ce qui se faisait en 1966, 1966 une éternité ! La classification dite de Leriche et Fontaine était un encadré dans un journal de langue allemande de 1954, elle était basée sur des présentations cliniques sans équivoque à l’époque. L’exploration fonctionnelle vasculaire était quasi inconnue. Carter n’avait pas encore publié ses travaux sur la mesure de pression à la cheville (1968) ; le 1<sup>er</sup> Doppler avait tout juste 2<!--> <!-->ans et ne sera commercialisé qu’en 1969. L’artériographie se limitait à l’artériographie par ponction directe, tout l’art était dans le timing. L’artériographie numérisée, l’angio-CT, l’ARM n’étaient même pas encore en gestation. Le traitement de l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) se limitait à l’endartériectomie et au pontage, la toute première angioplastie avait deux ans (Dotter 1964). La notion de polyvasculaire, les bilans « de diffusion » cardiaque et vasculaire systématiques étaient inconnus, même si les ténors de la cardiologie professaient qu’il est inutile de s’occuper des artères vu que les patients meurent du cœur. La révolution informatique était encore loin (Apple II 1977, IBM PC 1981), la réalisation de dossiers informatiques n’avait pas encore conduit au raisonnement binaire. Les largesses de la SS n’avaient pas encore conduit à la débauche d’examens et à la mort de la clinique, la T2A n’existait pas. Depuis, tout a radicalement changé. La facilité d’accès aux soins a rendu la classification de Leriche et Fontaine caduque. L’imagerie non invasive et l’angioplastie ont pris une position dominante majeure aux dépens de l’analyse clinique, de l’évaluation fonctionnelle et du traitement médical (même si, hors ischémie critique, le traitement médical et l’entraînement à la marche font aussi bien sinon mieux que l’angioplastie dans des essais randomisés). On a fait des consensus et des recommandations pour la pratique, mais en matière d’AOMI elles ne sont pas ou peu appliquées quand elles ne sont pas détournées (comme en matière d’ischémie critique). Entre autres risques à ces pratiques, cette évolution non contrôlée conduit à une accentuation du raisonnement binaire et si l’équation est « toute douleur à la marche sur un membre avec AOMI » ou « tout trouble trophique sur un membre avec AOMI »<!--> <!-->=<!--> <!-->imagerie puis angioplastie… et on discute éventuellement après… alors il n’y aura pas de nouvelle séance sur le métier de médecin vasculaire car ce métier aura disparu.</p></div>","PeriodicalId":50262,"journal":{"name":"Journal Des Maladies Vasculaires","volume":"41 2","pages":"Page 96"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2016-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"https://sci-hub-pdf.com/10.1016/j.jmv.2015.12.034","citationCount":"4","resultStr":"{\"title\":\"Artériopathie oblitérante des membres inférieurs\",\"authors\":\"F. 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Cinquantenaire du Collège français de pathologie vasculaire oblige, les organisateurs de cette séance nous invitent à nous pencher sur ce qui se faisait en 1966, 1966 une éternité ! La classification dite de Leriche et Fontaine était un encadré dans un journal de langue allemande de 1954, elle était basée sur des présentations cliniques sans équivoque à l’époque. L’exploration fonctionnelle vasculaire était quasi inconnue. Carter n’avait pas encore publié ses travaux sur la mesure de pression à la cheville (1968) ; le 1er Doppler avait tout juste 2 ans et ne sera commercialisé qu’en 1969. L’artériographie se limitait à l’artériographie par ponction directe, tout l’art était dans le timing. L’artériographie numérisée, l’angio-CT, l’ARM n’étaient même pas encore en gestation. Le traitement de l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) se limitait à l’endartériectomie et au pontage, la toute première angioplastie avait deux ans (Dotter 1964). La notion de polyvasculaire, les bilans « de diffusion » cardiaque et vasculaire systématiques étaient inconnus, même si les ténors de la cardiologie professaient qu’il est inutile de s’occuper des artères vu que les patients meurent du cœur. La révolution informatique était encore loin (Apple II 1977, IBM PC 1981), la réalisation de dossiers informatiques n’avait pas encore conduit au raisonnement binaire. Les largesses de la SS n’avaient pas encore conduit à la débauche d’examens et à la mort de la clinique, la T2A n’existait pas. Depuis, tout a radicalement changé. La facilité d’accès aux soins a rendu la classification de Leriche et Fontaine caduque. L’imagerie non invasive et l’angioplastie ont pris une position dominante majeure aux dépens de l’analyse clinique, de l’évaluation fonctionnelle et du traitement médical (même si, hors ischémie critique, le traitement médical et l’entraînement à la marche font aussi bien sinon mieux que l’angioplastie dans des essais randomisés). On a fait des consensus et des recommandations pour la pratique, mais en matière d’AOMI elles ne sont pas ou peu appliquées quand elles ne sont pas détournées (comme en matière d’ischémie critique). Entre autres risques à ces pratiques, cette évolution non contrôlée conduit à une accentuation du raisonnement binaire et si l’équation est « toute douleur à la marche sur un membre avec AOMI » ou « tout trouble trophique sur un membre avec AOMI » = imagerie puis angioplastie… et on discute éventuellement après… alors il n’y aura pas de nouvelle séance sur le métier de médecin vasculaire car ce métier aura disparu.