情绪

IF 0.2 Q4 MEDICINE, GENERAL & INTERNAL
Julie Lebeau
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Il est d’autant plus surprenant qu’alors que nous recherchons sans cesse, dans les arts, les divertissements et les multiples modalités des relations interhumaines, à créer et à ressentir des émotions, qu’elles aient pu faire l’objet, dans la formation médicale « classique », d’une censure quasi absolue posée comme un principe : il faut se blinder ! Nous savons tous maintenant à quel point cette subtilité toute militaire, qui ambitionnait de transformer l’étudiant en soins et sa vocation en char d’assaut, trouve ses limites face à des patients difficilement assimilables à des ennemis à exterminer… La complexité des ressentis de la relation thérapeutique ne peut à l’évidence se contenter de réponses simples et toutes faites, d’autant que ces réponses voudraient nous protéger de ce qui viendrait de l’extérieur (le « blindage »…) alors qu’il nous faut apprendre à reconnaître et à vivre avec ce qui vient de nous-mêmes, ce qui est nous-mêmes. Les chercheurs québécois, spécialistes de la communication professionnelle en santé, nous montrent que c’est par la maîtrise du langage que nos émotions peuvent devenir des outils1. Bouchet et al., de leur côté, nous suggèrent qu’il reste beaucoup à inventer et à faire dans ce domaine dans la formation initiale à la médecine générale2. Faire face à ces questionnements complexes oblige à une exploration minutieuse des éléments de la complexité relationnelle, oblige à la maîtrise de méthodes pertinentes pour des recherches conduites dans le cadre spécifique des soins premiers. Ce n’est par hasard, par facilité ou par opportunisme que la médecine générale a fait siennes les méthodes de recherche des sciences humaines et sociales. 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摘要

情绪不仅仅是处理的结果,因为我们的个性提供了到达我们大脑皮层的感觉信息。它们不仅仅是或多或少地微妙地调节我们归因于“性格”的反应。他们定义了我们。如此之多,以至于我们开始对我们遇到的人进行分类,不是根据他们自己的特征,而是根据我们自己对他们的情绪。而这种看待他人的方式并不局限于私人领域——怎么可能呢?它有时在医患关系中起着至关重要的作用。那么,如果不是一个在我们体内产生我们不想在锻炼过程中处理的情绪的患者,那么什么是“困难患者”?更令人惊讶的是,尽管我们在艺术、娱乐和人际关系的多种形式中不断寻求创造和感受情感,但在“经典”医学教育中,情感可能受到几乎绝对的审查,这被视为一项原则:我们必须蒙蔽自己!我们现在都知道,这种完全军事化的微妙之处,其目的是将学生转变为护理人员,将其职业转变为坦克,在面对难以被视为要消灭的敌人的患者时,其局限性有多大……治疗关系的复杂感觉显然不能满足于简单和现成的答案,特别是因为这些答案希望保护我们免受来自外部的东西(“屏蔽”…),而我们必须学会识别和生活来自我们自己的东西,即我们自己。魁北克省的研究人员是健康专业交流专家,他们向我们表明,正是通过掌握语言,我们的情感才能成为工具1。Bouchet等人向我们表明,在普通医学的初始培训中,在这一领域仍有许多发明和工作要做。面对这些复杂的问题需要仔细探索关系复杂性的要素,需要掌握与初级保健特定背景下进行的研究相关的方法。正是偶然、轻松或机会主义,普通医学才采用了人文和社会科学的研究方法。普通医学是一门人类和社会科学。
本文章由计算机程序翻译,如有差异,请以英文原文为准。
EMOTIONS
Les émotions ne sont pas de simples conséquences du traitement que nos personnalités proposent des informations sensorielles qui arrivent à nos cortex. Elles ne se contentent pas de moduler, avec plus ou moins de subtilité, les réactions que nous attribuons à notre « caractère ». Elles nous définissent. À tel point que nous en arrivons à classer les personnes que nous rencontrons non pas en fonction de leurs caractéristiques propres, mais en fonction des émotions que nous-mêmes ressentons face à elles. Et cette façon de considérer l’autre n’est pas réservée à la sphère privée – comment pourrait-elle l’être ? – elle intervient de façon parfois cruciale dans la relation médecin-patient. Qu’est-ce donc qu’un « patient difficile », sinon un patient qui génère en nous des émotions que nous ne souhaiterions pas avoir à gérer dans le cadre de notre exercice ? Il est d’autant plus surprenant qu’alors que nous recherchons sans cesse, dans les arts, les divertissements et les multiples modalités des relations interhumaines, à créer et à ressentir des émotions, qu’elles aient pu faire l’objet, dans la formation médicale « classique », d’une censure quasi absolue posée comme un principe : il faut se blinder ! Nous savons tous maintenant à quel point cette subtilité toute militaire, qui ambitionnait de transformer l’étudiant en soins et sa vocation en char d’assaut, trouve ses limites face à des patients difficilement assimilables à des ennemis à exterminer… La complexité des ressentis de la relation thérapeutique ne peut à l’évidence se contenter de réponses simples et toutes faites, d’autant que ces réponses voudraient nous protéger de ce qui viendrait de l’extérieur (le « blindage »…) alors qu’il nous faut apprendre à reconnaître et à vivre avec ce qui vient de nous-mêmes, ce qui est nous-mêmes. Les chercheurs québécois, spécialistes de la communication professionnelle en santé, nous montrent que c’est par la maîtrise du langage que nos émotions peuvent devenir des outils1. Bouchet et al., de leur côté, nous suggèrent qu’il reste beaucoup à inventer et à faire dans ce domaine dans la formation initiale à la médecine générale2. Faire face à ces questionnements complexes oblige à une exploration minutieuse des éléments de la complexité relationnelle, oblige à la maîtrise de méthodes pertinentes pour des recherches conduites dans le cadre spécifique des soins premiers. Ce n’est par hasard, par facilité ou par opportunisme que la médecine générale a fait siennes les méthodes de recherche des sciences humaines et sociales. La médecine générale est une science humaine et sociale.
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