两个Narracts

IF 0.3 3区 文学 0 LITERATURE
Antoine Volodine
{"title":"两个Narracts","authors":"Antoine Volodine","doi":"10.1353/sub.2023.a900530","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"1. Dögbruz Dögbruz dépassa le dernier lampadaire de l’avenue et il s’arrêta pour calmer sa respiration haletante. Derrière lui, la ville semblait déserte. La nuit était tombée depuis des heures, de longues heures, un grand nombre d’heures, et, alors que cette idée prenait naissance dans l’esprit de Dögbruz, la phrase bourgeonna et devint quelque chose d’inquiétant, une réflexion qui n’appartenait pas totalement à notre monde : la nuit, pensa soudain Dögbruz. Elle est tombée depuis plusieurs jours. Plusieurs jours sans soleil ni lune, sans crépuscule, plusieurs longues tranches noires de vingt-quatre heures. La noirceur n’avait connu aucune interruption. – Je... Mais qu’est-ce que... bougonna Dögbruz. L’air était tiède, le sol sous ses pieds était chaud, de temps en temps une ombre minuscule voletait en silence autour de sa tête, puis disparaissait. Un flocon charbonneux. Une mouche, pensa-t-il. Elle est épuisée ou déjà morte, pensa-t-il. – Non, non, pas ça, murmura-t-il, effrayé par ce qui faisait des allées et venues entre sa sous-conscience et sa conscience, des images et des expressions qui avaient rompu avec la logique du réel. Il avait besoin de bouger les lèvres et les cordes vocales pour les chasser, ces images et ces expressions désagréables. – Non, pas morte, cette sale bestiole, corrigea-t-il à voix basse. Très fatiguée, peut-être. Comme moi, très, très fatiguée. Mais pas encore morte. Autrement elle serait au sol. Elle ne pourrait pas voler. Comme moi, pensa-t-il. Moi aussi je suis au sol. Et, s’il y a au moins une certitude ici cette nuit, c’est que je ne vole pas. Il resta quelques minutes immobile, sans rien faire d’autre que combattre les petites intuitions délirantes qui traversaient les couches inférieures de son intelligence et montaient sans hâte, comme des bulles de méthane cherchant, dans un marécage, la surface de la vase. Il reprenait son souffle en observant l’avenue, devant et derrière lui : une vallée d’obscurité monotone, deux parois de maisons non éclairées, quelques arbres qui agonisaient sous la poussière, des palmiers en phase terminale, quatre ou cinq, dans la distance, et, pour le reste, une vilaine coulée","PeriodicalId":45831,"journal":{"name":"SUB-STANCE","volume":"52 1","pages":"60 - 73"},"PeriodicalIF":0.3000,"publicationDate":"2023-06-23","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"1","resultStr":"{\"title\":\"Two Narracts\",\"authors\":\"Antoine Volodine\",\"doi\":\"10.1353/sub.2023.a900530\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"1. Dögbruz Dögbruz dépassa le dernier lampadaire de l’avenue et il s’arrêta pour calmer sa respiration haletante. Derrière lui, la ville semblait déserte. La nuit était tombée depuis des heures, de longues heures, un grand nombre d’heures, et, alors que cette idée prenait naissance dans l’esprit de Dögbruz, la phrase bourgeonna et devint quelque chose d’inquiétant, une réflexion qui n’appartenait pas totalement à notre monde : la nuit, pensa soudain Dögbruz. Elle est tombée depuis plusieurs jours. Plusieurs jours sans soleil ni lune, sans crépuscule, plusieurs longues tranches noires de vingt-quatre heures. La noirceur n’avait connu aucune interruption. – Je... Mais qu’est-ce que... bougonna Dögbruz. L’air était tiède, le sol sous ses pieds était chaud, de temps en temps une ombre minuscule voletait en silence autour de sa tête, puis disparaissait. Un flocon charbonneux. Une mouche, pensa-t-il. Elle est épuisée ou déjà morte, pensa-t-il. – Non, non, pas ça, murmura-t-il, effrayé par ce qui faisait des allées et venues entre sa sous-conscience et sa conscience, des images et des expressions qui avaient rompu avec la logique du réel. Il avait besoin de bouger les lèvres et les cordes vocales pour les chasser, ces images et ces expressions désagréables. – Non, pas morte, cette sale bestiole, corrigea-t-il à voix basse. Très fatiguée, peut-être. Comme moi, très, très fatiguée. Mais pas encore morte. Autrement elle serait au sol. Elle ne pourrait pas voler. Comme moi, pensa-t-il. Moi aussi je suis au sol. Et, s’il y a au moins une certitude ici cette nuit, c’est que je ne vole pas. Il resta quelques minutes immobile, sans rien faire d’autre que combattre les petites intuitions délirantes qui traversaient les couches inférieures de son intelligence et montaient sans hâte, comme des bulles de méthane cherchant, dans un marécage, la surface de la vase. Il reprenait son souffle en observant l’avenue, devant et derrière lui : une vallée d’obscurité monotone, deux parois de maisons non éclairées, quelques arbres qui agonisaient sous la poussière, des palmiers en phase terminale, quatre ou cinq, dans la distance, et, pour le reste, une vilaine coulée\",\"PeriodicalId\":45831,\"journal\":{\"name\":\"SUB-STANCE\",\"volume\":\"52 1\",\"pages\":\"60 - 73\"},\"PeriodicalIF\":0.3000,\"publicationDate\":\"2023-06-23\",\"publicationTypes\":\"Journal Article\",\"fieldsOfStudy\":null,\"isOpenAccess\":false,\"openAccessPdf\":\"\",\"citationCount\":\"1\",\"resultStr\":null,\"platform\":\"Semanticscholar\",\"paperid\":null,\"PeriodicalName\":\"SUB-STANCE\",\"FirstCategoryId\":\"1085\",\"ListUrlMain\":\"https://doi.org/10.1353/sub.2023.a900530\",\"RegionNum\":3,\"RegionCategory\":\"文学\",\"ArticlePicture\":[],\"TitleCN\":null,\"AbstractTextCN\":null,\"PMCID\":null,\"EPubDate\":\"\",\"PubModel\":\"\",\"JCR\":\"0\",\"JCRName\":\"LITERATURE\",\"Score\":null,\"Total\":0}","platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"SUB-STANCE","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.1353/sub.2023.a900530","RegionNum":3,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"0","JCRName":"LITERATURE","Score":null,"Total":0}
引用次数: 1

摘要

1.Dögbruz Dögbruz走过大道上的最后一盏灯,停下来让他喘不过气来。在他身后,城市似乎空无一人。夜幕降临了好几个小时,好几个小时,好几个小时。当这个想法在Dögbruz的脑海中出现时,这个短语突然出现,变成了一种令人不安的东西,一种不完全属于我们世界的反映:夜晚,Dögbruz突然想。她已经跌倒好几天了。几天没有太阳和月亮,没有黄昏,几个长达24小时的黑色切片。黑暗没有中断。我…但是什么…Bougonna Dögbruz。空气温暖,脚下的地面温暖,偶尔一个小小的阴影在他的头上悄无声息地飘荡,然后消失了。一片煤薄片。一只苍蝇,他想。他想,她已经筋疲力尽了,或者已经死了。“不,不,不是那样,”他喃喃自语,害怕是什么在他的潜意识和意识之间来回移动,图像和表情打破了现实的逻辑。他需要移动嘴唇和声带来追逐那些不愉快的图像和表情。“不,没死,那个肮脏的动物,”他低声纠正道。也许很累。像我一样,非常非常累。但还没死。否则她会在地上。她不会飞。像我一样,他想。我也在地上。如果今晚这里至少有一件事是肯定的,那就是我不会飞。他一动不动地站了几分钟,什么也没做,只不过是在与那些疯狂的小直觉作斗争,这些直觉穿过他智力的下层,像甲烷气泡一样在沼泽中寻找淤泥的表面。他屏住呼吸,看着前面和后面的大道:一个单调黑暗的山谷,两堵没有灯光的房屋,几棵树在灰尘中垂死,四五棵棕榈树在远处,剩下的是一片丑陋的溪流。
本文章由计算机程序翻译,如有差异,请以英文原文为准。
Two Narracts
1. Dögbruz Dögbruz dépassa le dernier lampadaire de l’avenue et il s’arrêta pour calmer sa respiration haletante. Derrière lui, la ville semblait déserte. La nuit était tombée depuis des heures, de longues heures, un grand nombre d’heures, et, alors que cette idée prenait naissance dans l’esprit de Dögbruz, la phrase bourgeonna et devint quelque chose d’inquiétant, une réflexion qui n’appartenait pas totalement à notre monde : la nuit, pensa soudain Dögbruz. Elle est tombée depuis plusieurs jours. Plusieurs jours sans soleil ni lune, sans crépuscule, plusieurs longues tranches noires de vingt-quatre heures. La noirceur n’avait connu aucune interruption. – Je... Mais qu’est-ce que... bougonna Dögbruz. L’air était tiède, le sol sous ses pieds était chaud, de temps en temps une ombre minuscule voletait en silence autour de sa tête, puis disparaissait. Un flocon charbonneux. Une mouche, pensa-t-il. Elle est épuisée ou déjà morte, pensa-t-il. – Non, non, pas ça, murmura-t-il, effrayé par ce qui faisait des allées et venues entre sa sous-conscience et sa conscience, des images et des expressions qui avaient rompu avec la logique du réel. Il avait besoin de bouger les lèvres et les cordes vocales pour les chasser, ces images et ces expressions désagréables. – Non, pas morte, cette sale bestiole, corrigea-t-il à voix basse. Très fatiguée, peut-être. Comme moi, très, très fatiguée. Mais pas encore morte. Autrement elle serait au sol. Elle ne pourrait pas voler. Comme moi, pensa-t-il. Moi aussi je suis au sol. Et, s’il y a au moins une certitude ici cette nuit, c’est que je ne vole pas. Il resta quelques minutes immobile, sans rien faire d’autre que combattre les petites intuitions délirantes qui traversaient les couches inférieures de son intelligence et montaient sans hâte, comme des bulles de méthane cherchant, dans un marécage, la surface de la vase. Il reprenait son souffle en observant l’avenue, devant et derrière lui : une vallée d’obscurité monotone, deux parois de maisons non éclairées, quelques arbres qui agonisaient sous la poussière, des palmiers en phase terminale, quatre ou cinq, dans la distance, et, pour le reste, une vilaine coulée
求助全文
通过发布文献求助,成功后即可免费获取论文全文。 去求助
来源期刊
SUB-STANCE
SUB-STANCE LITERATURE-
CiteScore
0.20
自引率
0.00%
发文量
21
期刊介绍: SubStance has a long-standing reputation for publishing innovative work on literature and culture. While its main focus has been on French literature and continental theory, the journal is known for its openness to original thinking in all the discourses that interact with literature, including philosophy, natural and social sciences, and the arts. Join the discerning readers of SubStance who enjoy crossing borders and challenging limits.
×
引用
GB/T 7714-2015
复制
MLA
复制
APA
复制
导出至
BibTeX EndNote RefMan NoteFirst NoteExpress
×
提示
您的信息不完整,为了账户安全,请先补充。
现在去补充
×
提示
您因"违规操作"
具体请查看互助需知
我知道了
×
提示
确定
请完成安全验证×
copy
已复制链接
快去分享给好友吧!
我知道了
右上角分享
点击右上角分享
0
联系我们:info@booksci.cn Book学术提供免费学术资源搜索服务,方便国内外学者检索中英文文献。致力于提供最便捷和优质的服务体验。 Copyright © 2023 布克学术 All rights reserved.
京ICP备2023020795号-1
ghs 京公网安备 11010802042870号
Book学术文献互助
Book学术文献互助群
群 号:481959085
Book学术官方微信