Suzanne de Nervèze polygraphe: les modulations du discours moral dans les Pensées chrestiennes et morales (1662)

Très diversifiés sur le plan générique, les quelque 36 imprimés que signe Suzanne de Nervèze entre 1636 et 1662 forment une production unifiée par une posture auctoriale de moraliste qui embrasse la spiritualité et la philosophie. Cette posture est particulièrement perceptible dans le tout dernier livre de Nervèze, Les Pensées chrestiennes et morales (1662), qui réunit une vingtaine de textes déclinant la réflexion morale d’abord sur un mode spirituel, avant de s’engager davantage du côté d’une critique des moeurs. Reprenant la matière et la forme de plusieurs écrits antérieurs où l’autrice se prononce tant sur la conduite de l’âme que sur celle de l’État, ce recueil confirme une disposition polygraphique qui semble associée à un désir de démontrer sa compétence de femme de lettres, comme le révèle l’attention portée tant à la forme des discours qu’à leur déploiement.