编辑:纪录片

E. Thomas
{"title":"编辑:纪录片","authors":"E. Thomas","doi":"10.1080/14715880.2017.1382250","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Dans Jean Rouch, premier film: 1947–1991, devant la caméra de Dominique Dubosc et face à trois interlocuteurs,1 Rouch évoque ses débuts de cinéaste et le devenir de son premier film documentaire effectué en Afrique. Au cours d’un voyage il filme à la frontière du Mali et du Niger une chasse à l’hippopotame. Il prend soin de décrire la technique, en capturant notamment la préparation des harpons, et de saisir le rituel de la chasse elle-même. De retour à Paris, ce bout de film, d’une durée de 20 minutes, est projeté au Musée de l’Homme devant Lévi-Strauss, Leroi Gouhan, Griaule et Leiris. L’effort est salué. Après une nouvelle projection dans une cave parisienne, Rouch se retrouve indirectement mis en contact avec le directeur des Actualités françaises et, par conséquent, une possibilité de production. Ce dernier se déplace pour visionner le film et « l’affaire est faite! » Mais le film, initialement tourné en 16 mm, sera gonflé à 35 mm, réduit à 10 minutes et Rouch devra rédiger de courts commentaires explicitant ce qui se déroule à l’image. Nous dit Rouch: « Et un jour on voit un monstre qui s’appelle Au pays des Mages Noirs [1947] ». Aux rushs de tournages, le directeur a fait rajouter différents plans sans lien avec le film – des lions, des girafes... – « une musique à la confiture » et surtout un commentaire aux relents colonialistes lu par un radioreporter du Tour de France. Et ce film marche, indique Rouch qui précise aussitôt : « J’avais honte ». Ce que nous donne à voir le cadre de Dominique Dubosc est une opération de réappropriation des images. Pour ce faire, Rouch se focalisera sur la séquence finale de son film, coupera le son et commentera en direct ces images filmées en 1947. Il terminera ainsi sont premier film en 1991. La célébration, cette année, du centenaire de Jean Rouch est une occasion d’introduire la question documentaire et ce détour par le film de Dominique Dubosc va nous permettre de soulever différents points concernant les débats toujours actuels autour de celle-ci. Considérons ainsi dans un premier temps, la question de la forme que prend un ensemble d’images issues d’un enregistrement du « réel ». Le documentaire – qui se constitue en un champ complexe pour le public des festivals, des salles de cinéma ou de la télévision – nous invite à considérer avec la plus grande prudence toute tentative de catégorisation et/ou de définition. Dans la formulation de Grierson, « l’idée documentaire ne demande rien de plus que porter à l’écran, par n’importe quel moyen, les préoccupations de notre temps, en frappant l’imagination et avec une observation aussi riche que possible » (Marsolais 1997, 49). Rien de plus ? En France et à l’étranger, de nombreuses approches – qu’elles soient esthétiques, théoriques, historiques, pragmatiques – inscrites dans divers débats interrogent encore aujourd’hui la notion même de documentaire, évoquant par exemple, l’idée de documentaire de création, création documentaire, film documentaire, documentaire d’auteur entre autres. L’étude réalisée par le Réseau des Organisations du Documentaire soulignant que la confusion des termes – notamment avec celui de « reportage » – n’est pas innocente, synthétise l’approche institutionnelle et professionnelle vis-à-vis d’un ensemble mouvant : « Reportage : un ensemble de prises de vues réalisées selon les codes du journalisme, documentaire : l’organisation d’éléments de connaissance en un discours cohérent et documentaire de création : une démarche artistique qui structure une représentation du réel » (Réseau des Organisations du Documentaire 2011, 7). Cette synthèse est intéressante dans la mesure où, en creux, se dévoile la question auctoriale, par ailleurs déjà mise en perspective par François Niney : le reportage, constitué en un discours journalistique soumis à une logique de flux","PeriodicalId":51945,"journal":{"name":"Studies in French Cinema","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2018-07-03","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"https://sci-hub-pdf.com/10.1080/14715880.2017.1382250","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Editorial: documentary\",\"authors\":\"E. Thomas\",\"doi\":\"10.1080/14715880.2017.1382250\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"Dans Jean Rouch, premier film: 1947–1991, devant la caméra de Dominique Dubosc et face à trois interlocuteurs,1 Rouch évoque ses débuts de cinéaste et le devenir de son premier film documentaire effectué en Afrique. 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Aux rushs de tournages, le directeur a fait rajouter différents plans sans lien avec le film – des lions, des girafes... – « une musique à la confiture » et surtout un commentaire aux relents colonialistes lu par un radioreporter du Tour de France. Et ce film marche, indique Rouch qui précise aussitôt : « J’avais honte ». Ce que nous donne à voir le cadre de Dominique Dubosc est une opération de réappropriation des images. Pour ce faire, Rouch se focalisera sur la séquence finale de son film, coupera le son et commentera en direct ces images filmées en 1947. Il terminera ainsi sont premier film en 1991. La célébration, cette année, du centenaire de Jean Rouch est une occasion d’introduire la question documentaire et ce détour par le film de Dominique Dubosc va nous permettre de soulever différents points concernant les débats toujours actuels autour de celle-ci. Considérons ainsi dans un premier temps, la question de la forme que prend un ensemble d’images issues d’un enregistrement du « réel ». Le documentaire – qui se constitue en un champ complexe pour le public des festivals, des salles de cinéma ou de la télévision – nous invite à considérer avec la plus grande prudence toute tentative de catégorisation et/ou de définition. Dans la formulation de Grierson, « l’idée documentaire ne demande rien de plus que porter à l’écran, par n’importe quel moyen, les préoccupations de notre temps, en frappant l’imagination et avec une observation aussi riche que possible » (Marsolais 1997, 49). Rien de plus ? En France et à l’étranger, de nombreuses approches – qu’elles soient esthétiques, théoriques, historiques, pragmatiques – inscrites dans divers débats interrogent encore aujourd’hui la notion même de documentaire, évoquant par exemple, l’idée de documentaire de création, création documentaire, film documentaire, documentaire d’auteur entre autres. 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摘要

在让·鲁赫(Jean Rouch)的第一部电影《1947-1991》中,在多米尼克·杜博斯克(Dominique Dubosc)的镜头前,面对三位对话者,1鲁赫讲述了他作为电影制作人的开始以及他在非洲拍摄的第一部纪录片的未来。在一次旅行中,他在马里和尼日尔边境拍摄了一次河马狩猎。他注意描述这项技术,特别是捕捉鱼叉的准备,并捕捉狩猎仪式本身。回到巴黎后,这部20分钟的电影在人类博物馆放映,在莱维·施特劳斯、勒罗伊·古汉、格里奥和莱里斯面前。这一努力受到赞扬。在巴黎一家酒窖的新放映后,鲁赫发现自己间接接触了法国新闻总监,因此有了制作的可能性。后者去看电影,“交易完成了!但这部电影最初拍摄于16毫米,将被放大到35毫米,缩短到10分钟,鲁赫将不得不写一些简短的评论来解释图像中发生了什么。鲁赫告诉我们:“有一天,我们看到一个叫黑魔法师之地(1947年)的怪物。”在拍摄热潮中,导演增加了与电影无关的不同镜头——狮子、长颈鹿……”“果酱音乐”,特别是环法自行车赛电台记者读到的带有殖民主义色彩的评论。“这部电影奏效了,”鲁赫说,他立即澄清道:“我感到羞愧。”Dominique Dubosc的框架让我们看到的是图像的重新分配操作。为了做到这一点,鲁赫将专注于他的电影的最后一幕,剪辑声音,并对1947年拍摄的这些镜头进行现场评论。他在1991年完成了他的第一部电影。今年的Jean Rouch百年庆典是一个介绍纪录片问题的机会,Dominique Dubosc电影的这一绕道将使我们能够就围绕这一问题的持续辩论提出不同的观点。因此,让我们首先考虑一组来自“真实”记录的图像所采取的形式问题。纪录片——对于电影节、电影院或电视观众来说是一个复杂的领域——邀请我们非常谨慎地考虑任何分类和/或定义的尝试。用格里尔森的话来说,“纪录片的想法只需要以任何方式将我们这个时代的关注带到银幕上,激发想象力,并尽可能丰富地观察”(Marsolais 1997,49)。没别的了?在法国和国外,许多方法——无论是美学方法、理论方法、历史方法还是实用方法——在各种辩论中仍然对纪录片的概念提出质疑,例如,唤起了创作纪录片、纪录片创作、纪录片、作者纪录片等的概念。纪录片组织网络(Réseau des Organizations du Documentaire)进行的研究强调,术语的混淆——特别是与“报告文学”的混淆——并非无辜,综合了机构和专业方法,以应对不断变化的整体:“报告文学:根据新闻准则拍摄的一系列照片,纪录片:将知识元素组织成连贯的话语和纪录片创作:构建现实表现的艺术方法”(Réseau des Organizations du documentaire,2011,7)。这一综合很有趣,因为在空洞中,拍卖问题被揭示出来,弗朗索瓦·尼尼(François Niney)也已经对拍卖问题进行了透视:报告文学,由新闻话语组成,服从流动逻辑
本文章由计算机程序翻译,如有差异,请以英文原文为准。
Editorial: documentary
Dans Jean Rouch, premier film: 1947–1991, devant la caméra de Dominique Dubosc et face à trois interlocuteurs,1 Rouch évoque ses débuts de cinéaste et le devenir de son premier film documentaire effectué en Afrique. Au cours d’un voyage il filme à la frontière du Mali et du Niger une chasse à l’hippopotame. Il prend soin de décrire la technique, en capturant notamment la préparation des harpons, et de saisir le rituel de la chasse elle-même. De retour à Paris, ce bout de film, d’une durée de 20 minutes, est projeté au Musée de l’Homme devant Lévi-Strauss, Leroi Gouhan, Griaule et Leiris. L’effort est salué. Après une nouvelle projection dans une cave parisienne, Rouch se retrouve indirectement mis en contact avec le directeur des Actualités françaises et, par conséquent, une possibilité de production. Ce dernier se déplace pour visionner le film et « l’affaire est faite! » Mais le film, initialement tourné en 16 mm, sera gonflé à 35 mm, réduit à 10 minutes et Rouch devra rédiger de courts commentaires explicitant ce qui se déroule à l’image. Nous dit Rouch: « Et un jour on voit un monstre qui s’appelle Au pays des Mages Noirs [1947] ». Aux rushs de tournages, le directeur a fait rajouter différents plans sans lien avec le film – des lions, des girafes... – « une musique à la confiture » et surtout un commentaire aux relents colonialistes lu par un radioreporter du Tour de France. Et ce film marche, indique Rouch qui précise aussitôt : « J’avais honte ». Ce que nous donne à voir le cadre de Dominique Dubosc est une opération de réappropriation des images. Pour ce faire, Rouch se focalisera sur la séquence finale de son film, coupera le son et commentera en direct ces images filmées en 1947. Il terminera ainsi sont premier film en 1991. La célébration, cette année, du centenaire de Jean Rouch est une occasion d’introduire la question documentaire et ce détour par le film de Dominique Dubosc va nous permettre de soulever différents points concernant les débats toujours actuels autour de celle-ci. Considérons ainsi dans un premier temps, la question de la forme que prend un ensemble d’images issues d’un enregistrement du « réel ». Le documentaire – qui se constitue en un champ complexe pour le public des festivals, des salles de cinéma ou de la télévision – nous invite à considérer avec la plus grande prudence toute tentative de catégorisation et/ou de définition. Dans la formulation de Grierson, « l’idée documentaire ne demande rien de plus que porter à l’écran, par n’importe quel moyen, les préoccupations de notre temps, en frappant l’imagination et avec une observation aussi riche que possible » (Marsolais 1997, 49). Rien de plus ? En France et à l’étranger, de nombreuses approches – qu’elles soient esthétiques, théoriques, historiques, pragmatiques – inscrites dans divers débats interrogent encore aujourd’hui la notion même de documentaire, évoquant par exemple, l’idée de documentaire de création, création documentaire, film documentaire, documentaire d’auteur entre autres. L’étude réalisée par le Réseau des Organisations du Documentaire soulignant que la confusion des termes – notamment avec celui de « reportage » – n’est pas innocente, synthétise l’approche institutionnelle et professionnelle vis-à-vis d’un ensemble mouvant : « Reportage : un ensemble de prises de vues réalisées selon les codes du journalisme, documentaire : l’organisation d’éléments de connaissance en un discours cohérent et documentaire de création : une démarche artistique qui structure une représentation du réel » (Réseau des Organisations du Documentaire 2011, 7). Cette synthèse est intéressante dans la mesure où, en creux, se dévoile la question auctoriale, par ailleurs déjà mise en perspective par François Niney : le reportage, constitué en un discours journalistique soumis à une logique de flux
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Studies in French Cinema
Studies in French Cinema FILM, RADIO, TELEVISION-
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