{"title":"纪念和挑战主导的空间秩序","authors":"H. Amiot","doi":"10.4000/ESPACEPOLITIQUE.8423","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"L’article etudie la maniere dont la commemoration – en tant que performance se deroulant dans un lieu singulier – contribue a construire un ordre spatial dominant, traduisant et reproduisant des rapports de force politiques et memoriels, et dans quelle mesure cet ordre peut etre conteste. Il se fonde sur une observation participante des commemorations de la Deuxieme Guerre mondiale au cimetiere sovietique de Noyers-Saint-Martin (Oise), completee par des entretiens avec les differents acteurs engages dans la ceremonie et l’analyse d’archives et autres documents textuels sur la necropole et les ceremonies. L’article montre que l’investissement du cimetiere par les acteurs russes dans les annees 2000 a contribue a creer un ordre spatial reposant sur la preeminence de la Russie sur les autres republiques post-sovietiques et la diffusion du mythe de la Grande guerre patriotique, instrument du soft power memoriel russe a l’etranger. Mais le moment de la commemoration est utilise par les acteurs ukrainiens, depuis 2014, pour contester cet ordre spatial micro-local, rendre visibles des memoires alternatives de la Seconde Guerre mondiale et denoncer la politique de destabilisation menee par la Russie dans le Donbass et en Crimee. Neanmoins, la portee de cette contestation est limitee car elle s’inscrit dans un espace socio-politique plus large, ou les acteurs russes possedent davantage de ressources et des positions plus dominantes que les acteurs ukrainiens. 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