Charlène Aïn , Céline Eiden , Margot Lestienne , Hélène Peyrière , Réseau français des centres d’addictovigilance
{"title":"孕期使用可卡因的母胎并发症和新生儿并发症:来自法国瘾君子警戒网络的数据","authors":"Charlène Aïn , Céline Eiden , Margot Lestienne , Hélène Peyrière , Réseau français des centres d’addictovigilance","doi":"10.1016/j.therap.2024.10.038","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>L’exposition prénatale à la cocaïne/<em>crack</em> est associée à des risques bien établis [prématurité, petits poids de naissance, retards de croissance intra-utérin (RCIU)] <span><span>[1]</span></span>, <span><span>[2]</span></span>. L’analyse des données OPPIDUM chez les femmes enceintes a montré une augmentation significative de la consommation de cocaïne (y compris <em>crack</em>) entre 2005 et 2018 (4,7 % vs 14,3 %, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,0384) <span><span>[3]</span></span>. 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Les consommations concomitantes étaient du cannabis 29/50 (57 %), de l’alcool 14/50 (27,5 %) et un opiacé 25/50 (50 %) : méthadone 14/50 (27,5 %), héroïne 7/50 (14 %), buprénorphine 4/50 (8 %). Les événements materno-fœtaux principaux étaient : une rupture prématurée des membranes [8 % (4/50)] et des malformations congénitales (2/50) dont une ayant entraîné une interruption médicale de grossesse. Les événements fœtaux correspondaient à : une anomalie du rythme cardiaque fœtal [20 % (10/50)], un RCIU [18 % (9/50)], une hypotrophie fœtale [12 % (6/50)] et 1 décès in utero dû à une dysfonction endothéliale chez la mère (CIVD). Les évènements néonataux étaient : un syndrome de sevrage dans 33 % (17/50) des cas, dont 11 avec exposition associée à un opioïde et 6 à du cannabis. En période néo-natale, les événements suivants ont été observés : 1 épisode de convulsions et 2 décès résultant de polyconsommations.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Les complications rapportées sont similaires à celles mentionnées dans les méta-analyses précédemment réalisées. Cet état des lieux est marqué par des données manquantes, un manque de précision sur l’usage (quantité prise, voie d’administration…) tout au long de la grossesse, une proportion de polyconsommation importante. 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L’analyse des données OPPIDUM chez les femmes enceintes a montré une augmentation significative de la consommation de cocaïne (y compris <em>crack</em>) entre 2005 et 2018 (4,7 % vs 14,3 %, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,0384) <span><span>[3]</span></span>. L’objectif de cette étude était de décrire les données du réseau d’addictovigilance dans ce contexte.</div></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><div>Les notifications d’addictovigilance concernant les complications liées à l’usage de cocaïne/<em>crack</em> pendant la grossesse, sur la période 01/04/2021–31/03/2024 ont été analysées.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Sur la période, 50 femmes enceintes ont été incluses (2021 : 12, 2022 : 19, 2023 : 18, 2024 : 1). L’âge médian était de 31<!--> <!-->±<!--> <!-->6 ans (min–max : 18–41). Pour 36 % (18/50), un antécédent médical était relevé : psychiatrique dans 72 % (13/18) des cas, gynécologique dans 33 % (6/18) des cas. 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Complications materno-fœtales et néonatales de l’usage de cocaïne pendant la grossesse : données du Réseau français d’addictovigilance
Introduction
L’exposition prénatale à la cocaïne/crack est associée à des risques bien établis [prématurité, petits poids de naissance, retards de croissance intra-utérin (RCIU)] [1], [2]. L’analyse des données OPPIDUM chez les femmes enceintes a montré une augmentation significative de la consommation de cocaïne (y compris crack) entre 2005 et 2018 (4,7 % vs 14,3 %, p = 0,0384) [3]. L’objectif de cette étude était de décrire les données du réseau d’addictovigilance dans ce contexte.
Matériel et méthodes
Les notifications d’addictovigilance concernant les complications liées à l’usage de cocaïne/crack pendant la grossesse, sur la période 01/04/2021–31/03/2024 ont été analysées.
Résultats
Sur la période, 50 femmes enceintes ont été incluses (2021 : 12, 2022 : 19, 2023 : 18, 2024 : 1). L’âge médian était de 31 ± 6 ans (min–max : 18–41). Pour 36 % (18/50), un antécédent médical était relevé : psychiatrique dans 72 % (13/18) des cas, gynécologique dans 33 % (6/18) des cas. La cocaïne était consommée sous l’appellation « poudre » dans 75 % (38/50) des cas et « crack » dans 33 % (17/50). Quatre femmes consommaient les deux. La consommation de cocaïne a été confirmée par analyse toxicologique des urines de la mère dans 42 % (21/50) des cas. Les consommations concomitantes étaient du cannabis 29/50 (57 %), de l’alcool 14/50 (27,5 %) et un opiacé 25/50 (50 %) : méthadone 14/50 (27,5 %), héroïne 7/50 (14 %), buprénorphine 4/50 (8 %). Les événements materno-fœtaux principaux étaient : une rupture prématurée des membranes [8 % (4/50)] et des malformations congénitales (2/50) dont une ayant entraîné une interruption médicale de grossesse. Les événements fœtaux correspondaient à : une anomalie du rythme cardiaque fœtal [20 % (10/50)], un RCIU [18 % (9/50)], une hypotrophie fœtale [12 % (6/50)] et 1 décès in utero dû à une dysfonction endothéliale chez la mère (CIVD). Les évènements néonataux étaient : un syndrome de sevrage dans 33 % (17/50) des cas, dont 11 avec exposition associée à un opioïde et 6 à du cannabis. En période néo-natale, les événements suivants ont été observés : 1 épisode de convulsions et 2 décès résultant de polyconsommations.
Conclusion
Les complications rapportées sont similaires à celles mentionnées dans les méta-analyses précédemment réalisées. Cet état des lieux est marqué par des données manquantes, un manque de précision sur l’usage (quantité prise, voie d’administration…) tout au long de la grossesse, une proportion de polyconsommation importante. Dans ce contexte, il est donc primordial de repérer précocement, d’intervenir et d’accompagner pour limiter l’exposition pendant cette période.
期刊介绍:
Thérapie is a peer-reviewed journal devoted to Clinical Pharmacology, Therapeutics, Pharmacokinetics, Pharmacovigilance, Addictovigilance, Social Pharmacology, Pharmacoepidemiology, Pharmacoeconomics and Evidence-Based-Medicine. Thérapie publishes in French or in English original articles, general reviews, letters to the editor reporting original findings, correspondence relating to articles or letters published in the Journal, short articles, editorials on up-to-date topics, Pharmacovigilance or Addictovigilance reports that follow the French "guidelines" concerning good practice in pharmacovigilance publications. The journal also publishes thematic issues on topical subject.
The journal is indexed in the main international data bases and notably in: Biosis Previews/Biological Abstracts, Embase/Excerpta Medica, Medline/Index Medicus, Science Citation Index.