Évaluation des projets humanitaires au Cameroun : quand les consultant.e.s locaux.ales essaient de redéfinir les asymétries Nord-Sud

Le Cameroun, depuis 2013, apparait comme un champ privilégié des interventions humanitaires. Celles-ci, en matière d’évaluation des projets, ont longtemps été effectuées par le recours à une expertise internationale. Mais les restrictions à la mobilité internationale imposées par le COVID-19 ont favorisé l’immobilisme de cette expertise, immobilisme qui existait déjà avant la pandémie. Le COVID-19 n’a fait qu’exacerber un processus déjà amorcé par des crises sécuritaires. Si les organisations de solidarité internationale ont longtemps hésité à transférer l’exécution des évaluations des projets humanitaires aux expert.e.s locaux.ales, la crise sécuritaire et sanitaire a permis de surmonter cette réticence. En s’appuyant sur les apports du modèle de la « fenêtre d’opportunité » (Kingdon, 1984), l’article démontre comment les expert.e.s camerounais.e.s ont bénéficié de l’absence d’expertise internationale (immobilisme) pour prendre en charge les missions d’évaluation des projets humanitaires. Ce repositionnement en faveur de l’expertise locale aurait contribué à une redéfinition des asymétries Nord-Sud et des rapports de domination entre expert.e.s nationaux.ales et internationaux.ales.