Le Levant romain de Pierre Belon. Expériences naturalistes de l’Orient, politique et religion chez un naturaliste français au XVIe siècle

La ville de Rome apparaît chez le naturaliste français Pierre Belon comme un lieu décisif dans la construction de son œuvre, un des principaux nœuds de ses multiples trajectoires, géographiques aussi bien qu’intellectuelles. Rome revient sans cesse, en effet, sous plusieurs formes, dans ses écrits : par les séjours qu’il y effectua et qui se traduisent par des références à des espaces romains et à ses antiquités, autant que par la tradition érudite ancienne, mobilisée comme source d’information sur les mondes naturels. Cet article analyse le rôle joué par le terrain romain dans le projet de savoir naturaliste de Belon en relation avec le Levant, un autre espace dont il a fait l’expérience et qui se trouve au cœur de ses textes. Si d’autres lieux, notamment italiens avec Venise, concourent à la saisie du Levant par Belon, il s’agira de montrer que Rome est à cet égard un carrefour central et singulier, qui offre une multiplicité de ressources et constitue dès lors un point d’entrée et d’ancrage dans lequel plusieurs échelles et dimensions sont en jeu. On cherchera également à démontrer l’intérêt de nouer le Belon « romain » à la place qu’occupent les intérêts politico-confessionnels français à Rome, en saisissant combien sa défense de l’Eglise catholique s’articule à son parcours dans la Méditerranée orientale.