{"title":"通过厨房合作社将妇女从家庭奴役中解放出来:20 世纪之交的两位乌托邦主义者","authors":"C. Dreysse","doi":"10.3917/nqf.422.0012","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Cet article présente les réflexions de deux féministes ayant développé des utopies de mutualisation de la cuisine, Melusina Fay Peirce (1836-1923) qui imagine une « coopérative ménagère » à la fin des années 1860 dans le Massachusetts, et la socialiste allemande Lily Braun (1865-1916) qui défend la « maison à cuisine unique » au début du 20 e siècle à Berlin. La mise en commun du travail alimentaire doit se substituer au labeur domestique solitaire qui incombe alors aux femmes. Par les gains de temps et d’énergie permis, les journées au foyer doivent se raccourcir et permettre aux femmes de s’épanouir dans d’autres activités, notamment publiques. Pour autant, ces cuisines sont pensées comme des lieux de l’activité féminine prioritairement : il s’agit moins de changer la répartition des tâches entre hommes et femmes que de permettre la reconnaissance du travail de ces dernières, éventuellement en le rémunérant. Peirce et Braun, par leur lecture du travail alimentaire, ont contribué à réfléchir aux frontières entre espace privé et public. Leurs utopies ne voient que partiellement le jour et la postérité retient davantage des formes de délégation et d’externalisation du travail alimentaire tandis que se développent, en contrepoint de ce rêve d’une cuisine collective partagée, des cuisines individuelles rationalisées et technicisées pour que la cuisinière au foyer gagne en efficacité.","PeriodicalId":314929,"journal":{"name":"Nouvelles Questions Féministes","volume":"38 19","pages":""},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2023-12-07","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Libérer les femmes de l’asservissement domestique par les coopératives de cuisine : deux utopistes au tournant du 20 e siècle\",\"authors\":\"C. Dreysse\",\"doi\":\"10.3917/nqf.422.0012\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"Cet article présente les réflexions de deux féministes ayant développé des utopies de mutualisation de la cuisine, Melusina Fay Peirce (1836-1923) qui imagine une « coopérative ménagère » à la fin des années 1860 dans le Massachusetts, et la socialiste allemande Lily Braun (1865-1916) qui défend la « maison à cuisine unique » au début du 20 e siècle à Berlin. La mise en commun du travail alimentaire doit se substituer au labeur domestique solitaire qui incombe alors aux femmes. Par les gains de temps et d’énergie permis, les journées au foyer doivent se raccourcir et permettre aux femmes de s’épanouir dans d’autres activités, notamment publiques. Pour autant, ces cuisines sont pensées comme des lieux de l’activité féminine prioritairement : il s’agit moins de changer la répartition des tâches entre hommes et femmes que de permettre la reconnaissance du travail de ces dernières, éventuellement en le rémunérant. Peirce et Braun, par leur lecture du travail alimentaire, ont contribué à réfléchir aux frontières entre espace privé et public. Leurs utopies ne voient que partiellement le jour et la postérité retient davantage des formes de délégation et d’externalisation du travail alimentaire tandis que se développent, en contrepoint de ce rêve d’une cuisine collective partagée, des cuisines individuelles rationalisées et technicisées pour que la cuisinière au foyer gagne en efficacité.\",\"PeriodicalId\":314929,\"journal\":{\"name\":\"Nouvelles Questions Féministes\",\"volume\":\"38 19\",\"pages\":\"\"},\"PeriodicalIF\":0.0000,\"publicationDate\":\"2023-12-07\",\"publicationTypes\":\"Journal Article\",\"fieldsOfStudy\":null,\"isOpenAccess\":false,\"openAccessPdf\":\"\",\"citationCount\":\"0\",\"resultStr\":null,\"platform\":\"Semanticscholar\",\"paperid\":null,\"PeriodicalName\":\"Nouvelles Questions Féministes\",\"FirstCategoryId\":\"1085\",\"ListUrlMain\":\"https://doi.org/10.3917/nqf.422.0012\",\"RegionNum\":0,\"RegionCategory\":null,\"ArticlePicture\":[],\"TitleCN\":null,\"AbstractTextCN\":null,\"PMCID\":null,\"EPubDate\":\"\",\"PubModel\":\"\",\"JCR\":\"\",\"JCRName\":\"\",\"Score\":null,\"Total\":0}","platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Nouvelles Questions Féministes","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.3917/nqf.422.0012","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
Libérer les femmes de l’asservissement domestique par les coopératives de cuisine : deux utopistes au tournant du 20 e siècle
Cet article présente les réflexions de deux féministes ayant développé des utopies de mutualisation de la cuisine, Melusina Fay Peirce (1836-1923) qui imagine une « coopérative ménagère » à la fin des années 1860 dans le Massachusetts, et la socialiste allemande Lily Braun (1865-1916) qui défend la « maison à cuisine unique » au début du 20 e siècle à Berlin. La mise en commun du travail alimentaire doit se substituer au labeur domestique solitaire qui incombe alors aux femmes. Par les gains de temps et d’énergie permis, les journées au foyer doivent se raccourcir et permettre aux femmes de s’épanouir dans d’autres activités, notamment publiques. Pour autant, ces cuisines sont pensées comme des lieux de l’activité féminine prioritairement : il s’agit moins de changer la répartition des tâches entre hommes et femmes que de permettre la reconnaissance du travail de ces dernières, éventuellement en le rémunérant. Peirce et Braun, par leur lecture du travail alimentaire, ont contribué à réfléchir aux frontières entre espace privé et public. Leurs utopies ne voient que partiellement le jour et la postérité retient davantage des formes de délégation et d’externalisation du travail alimentaire tandis que se développent, en contrepoint de ce rêve d’une cuisine collective partagée, des cuisines individuelles rationalisées et technicisées pour que la cuisinière au foyer gagne en efficacité.