Plaidoyer pour un Prosopocène : sémio-éthique du visage

Les masques médicaux qui se sont imposés comme dispositif pour contrer la contagion de COVID-19 affectent lourdement la présentation et la perception du visage, en en altérant radicalement la phénoménologie et la sémiotique, et en en réduisant la singularité. La production culturelle globale a souvent réagi à ces contraintes inédites, soulignant l’importance éthique de l’intégralité et de la singularité du visage contre toute tentative de fragmentation, segmentation, et classement. L’article propose une lecture sémiotique générale des tendances culturelles qui, dans les sociétés contemporaines, opèrent au contraire vers une chosification du visage, et que la pandémie de COVID-19 n’a fait qu’accentuer. L’article se concentre, en particulier, sur les nouveaux procédés de traitement automatique des images faciales, dont il débusque la rhétorique d’accomplissement technologique. En conclusion, l’article suggère que la protection et la libération du visage en tant que rempart de l’humanité ne peut que passer par l’envisagement d’une nouvelle ère appelée « Prosopocène », qui garantirait un visage inaliénable à chaque forme de vie contre toute dé-figuration humaine ou automatique.