{"title":"贫穷是对人权的侵犯","authors":"G. Koubi","doi":"10.3917/RISS.180.0361","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Aussi difficile que ce soit a admettre, la pauvrete n’est pas definissable en droit. Dans la tension entre traitement de la pauvrete et attention portee a l’extreme pauvrete se glisse une indetermination qui rend les democraties inattentives aux dynamiques economiques et sociales de la pauvrete comme inegalite. Des lors, les reponses a l’extreme pauvrete violent, surtout quand elles sont explicitement ciblees ou preferentielles, l’egalite fondamentale de droits et de dignite dont, formellement, elles resultent. Les mesures prises en faveur des defavorises ne proposent ainsi pas aux personnes concernees une porte de sortie du statut de defavorise mais, paradoxalement, elles les amenent a relativiser leurs souffrances, a trouver en ces faveurs la force de se penser pauvre sans avoir a subir les affres de l’extreme pauvrete. En quelque sorte, dependantes d’un bien etre minimal qui leur est offert, ces personnes n’ont pas de « droits ». Faudrait-il donc apprendre a penser la pauvrete comme un phenomene ineluctable et imparable dans un monde qui pretend œuvrer pour la garantie des droits de l’homme, des droits politiques et civils, des droits economiques, sociaux et culturels ?","PeriodicalId":190218,"journal":{"name":"Revue Internationale Des Sciences Sociales","volume":"98 4 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2004-06-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"3","resultStr":"{\"title\":\"La pauvreté, comme violation des droits humains\",\"authors\":\"G. Koubi\",\"doi\":\"10.3917/RISS.180.0361\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"Aussi difficile que ce soit a admettre, la pauvrete n’est pas definissable en droit. Dans la tension entre traitement de la pauvrete et attention portee a l’extreme pauvrete se glisse une indetermination qui rend les democraties inattentives aux dynamiques economiques et sociales de la pauvrete comme inegalite. Des lors, les reponses a l’extreme pauvrete violent, surtout quand elles sont explicitement ciblees ou preferentielles, l’egalite fondamentale de droits et de dignite dont, formellement, elles resultent. Les mesures prises en faveur des defavorises ne proposent ainsi pas aux personnes concernees une porte de sortie du statut de defavorise mais, paradoxalement, elles les amenent a relativiser leurs souffrances, a trouver en ces faveurs la force de se penser pauvre sans avoir a subir les affres de l’extreme pauvrete. En quelque sorte, dependantes d’un bien etre minimal qui leur est offert, ces personnes n’ont pas de « droits ». Faudrait-il donc apprendre a penser la pauvrete comme un phenomene ineluctable et imparable dans un monde qui pretend œuvrer pour la garantie des droits de l’homme, des droits politiques et civils, des droits economiques, sociaux et culturels ?\",\"PeriodicalId\":190218,\"journal\":{\"name\":\"Revue Internationale Des Sciences Sociales\",\"volume\":\"98 4 1\",\"pages\":\"0\"},\"PeriodicalIF\":0.0000,\"publicationDate\":\"2004-06-01\",\"publicationTypes\":\"Journal Article\",\"fieldsOfStudy\":null,\"isOpenAccess\":false,\"openAccessPdf\":\"\",\"citationCount\":\"3\",\"resultStr\":null,\"platform\":\"Semanticscholar\",\"paperid\":null,\"PeriodicalName\":\"Revue Internationale Des Sciences Sociales\",\"FirstCategoryId\":\"1085\",\"ListUrlMain\":\"https://doi.org/10.3917/RISS.180.0361\",\"RegionNum\":0,\"RegionCategory\":null,\"ArticlePicture\":[],\"TitleCN\":null,\"AbstractTextCN\":null,\"PMCID\":null,\"EPubDate\":\"\",\"PubModel\":\"\",\"JCR\":\"\",\"JCRName\":\"\",\"Score\":null,\"Total\":0}","platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Revue Internationale Des Sciences Sociales","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.3917/RISS.180.0361","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
Aussi difficile que ce soit a admettre, la pauvrete n’est pas definissable en droit. Dans la tension entre traitement de la pauvrete et attention portee a l’extreme pauvrete se glisse une indetermination qui rend les democraties inattentives aux dynamiques economiques et sociales de la pauvrete comme inegalite. Des lors, les reponses a l’extreme pauvrete violent, surtout quand elles sont explicitement ciblees ou preferentielles, l’egalite fondamentale de droits et de dignite dont, formellement, elles resultent. Les mesures prises en faveur des defavorises ne proposent ainsi pas aux personnes concernees une porte de sortie du statut de defavorise mais, paradoxalement, elles les amenent a relativiser leurs souffrances, a trouver en ces faveurs la force de se penser pauvre sans avoir a subir les affres de l’extreme pauvrete. En quelque sorte, dependantes d’un bien etre minimal qui leur est offert, ces personnes n’ont pas de « droits ». Faudrait-il donc apprendre a penser la pauvrete comme un phenomene ineluctable et imparable dans un monde qui pretend œuvrer pour la garantie des droits de l’homme, des droits politiques et civils, des droits economiques, sociaux et culturels ?