Le plan noir de la mélancolie dans L'Homme atlantique (1981) de Marguerite Duras

Abstract:Cet article analyse en quoi la mélancolie qui caractérise le film L'Homme atlantique (1981) de Marguerite Duras représente une force libératrice et créatrice pour la voix-off féminine, celle de la cinéaste. Au lieu d'évoquer une condition stagnante qui provient de l'intolérance à la perte de l'objet aimé, la mélancolie engendre de l'activité dans ce film : elle n'est pas un état psychique enraciné dans l'isolation mais sert plutôt à brouiller les frontières entre l'art et la vie afin d'impliquer le spectateur dans la trame du film. Celui-ci est à la fois acteurspectateur, suivant les didascalies de la voix-off et imaginant son propre film en même temps. La mélancolie est un spectacle collectif par excellence dans ce film, elle est l'expression du soi comme ouverture vers l'Autre. Le sublime étant un effet de la mélancolie, il joue aussi un rôle important dans L'Homme atlantique et s'illustre dans la présentation syncopée de l'intrigue ainsi que dans le plan noir, cette représentation de l'absolu qui renvoie au sentiment océanique. Il n'est donc pas question, dans cette étude, de considérer ce film comme représentatif de la destruction du cinéma, mais plutôt comme lieu de la création incessante du possible, mené par la mélancolie et le sublime.