{"title":"边境上的创伤记忆艺术","authors":"Geneviève Dragon","doi":"10.4000/america.3240","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"L’actualite terrible de la frontiere entre le Mexique et les Etats-Unis trouve une resonance particuliere dans la confrontation entre le discours brutal de Donald Trump (« Build a Wall! ») et l’invisibilite anonyme des migrants disparaissant sans laisser de traces au cours de leur traversee. C’est precisement cette invisibilite de la condition migrante que nous entendons mettre en lumiere dans cet article. A premiere vue, l’espace du desert est vide et aneantit toute trace des migrants qui y trouvent la mort. L’invisibilite va de pair avec un anonymat qui rime avec le peu d’importance que les autorites accordent a ces migrants, quantites negligeables et innombrables. Des chercheurs, des ecrivains, des artistes tentent de combattre cette indifference en construisant une figure visible de ces migrants, dont parfois il ne reste qu’un nom ou quelques effets personnels abandonnes dans le desert. Au moyen des traces, des empreintes, des bribes de recits familiaux et personnels, il s’agit de reconstruire une histoire, une narration dont l’enjeu est de leur donner droit de cite. De facon plus intime et personnelle, cela permet dans le meme mouvement de reconstituer l’integrite, sinon physique, du moins symbolique, de ces corps meurtris : les familles pourront ainsi faire le deuil de l’etre cher et disparu. L’enjeu de notre article porte, dans une dimension interdisciplinaire (au croisement de la litterature, des arts plastiques et de l’anthropologie politique), sur la constitution d’une forme d’artivisme (Richard Lou) de la memoire qui redonne nom et narration a des exiles. C’est toute la question, en definitive, de la responsabilite ethique et politique des Etats face a la condition migrante, d’autant plus cruciale aujourd’hui que l’Europe se trouve prise dans l’urgence d’une crise migratoire sans precedent.","PeriodicalId":448133,"journal":{"name":"América","volume":"12 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2019-10-18","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Un art de la mémoire traumatisée à la frontière\",\"authors\":\"Geneviève Dragon\",\"doi\":\"10.4000/america.3240\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"L’actualite terrible de la frontiere entre le Mexique et les Etats-Unis trouve une resonance particuliere dans la confrontation entre le discours brutal de Donald Trump (« Build a Wall! ») et l’invisibilite anonyme des migrants disparaissant sans laisser de traces au cours de leur traversee. C’est precisement cette invisibilite de la condition migrante que nous entendons mettre en lumiere dans cet article. A premiere vue, l’espace du desert est vide et aneantit toute trace des migrants qui y trouvent la mort. L’invisibilite va de pair avec un anonymat qui rime avec le peu d’importance que les autorites accordent a ces migrants, quantites negligeables et innombrables. Des chercheurs, des ecrivains, des artistes tentent de combattre cette indifference en construisant une figure visible de ces migrants, dont parfois il ne reste qu’un nom ou quelques effets personnels abandonnes dans le desert. Au moyen des traces, des empreintes, des bribes de recits familiaux et personnels, il s’agit de reconstruire une histoire, une narration dont l’enjeu est de leur donner droit de cite. De facon plus intime et personnelle, cela permet dans le meme mouvement de reconstituer l’integrite, sinon physique, du moins symbolique, de ces corps meurtris : les familles pourront ainsi faire le deuil de l’etre cher et disparu. L’enjeu de notre article porte, dans une dimension interdisciplinaire (au croisement de la litterature, des arts plastiques et de l’anthropologie politique), sur la constitution d’une forme d’artivisme (Richard Lou) de la memoire qui redonne nom et narration a des exiles. C’est toute la question, en definitive, de la responsabilite ethique et politique des Etats face a la condition migrante, d’autant plus cruciale aujourd’hui que l’Europe se trouve prise dans l’urgence d’une crise migratoire sans precedent.\",\"PeriodicalId\":448133,\"journal\":{\"name\":\"América\",\"volume\":\"12 1\",\"pages\":\"0\"},\"PeriodicalIF\":0.0000,\"publicationDate\":\"2019-10-18\",\"publicationTypes\":\"Journal Article\",\"fieldsOfStudy\":null,\"isOpenAccess\":false,\"openAccessPdf\":\"\",\"citationCount\":\"0\",\"resultStr\":null,\"platform\":\"Semanticscholar\",\"paperid\":null,\"PeriodicalName\":\"América\",\"FirstCategoryId\":\"1085\",\"ListUrlMain\":\"https://doi.org/10.4000/america.3240\",\"RegionNum\":0,\"RegionCategory\":null,\"ArticlePicture\":[],\"TitleCN\":null,\"AbstractTextCN\":null,\"PMCID\":null,\"EPubDate\":\"\",\"PubModel\":\"\",\"JCR\":\"\",\"JCRName\":\"\",\"Score\":null,\"Total\":0}","platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"América","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/america.3240","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
L’actualite terrible de la frontiere entre le Mexique et les Etats-Unis trouve une resonance particuliere dans la confrontation entre le discours brutal de Donald Trump (« Build a Wall! ») et l’invisibilite anonyme des migrants disparaissant sans laisser de traces au cours de leur traversee. C’est precisement cette invisibilite de la condition migrante que nous entendons mettre en lumiere dans cet article. A premiere vue, l’espace du desert est vide et aneantit toute trace des migrants qui y trouvent la mort. L’invisibilite va de pair avec un anonymat qui rime avec le peu d’importance que les autorites accordent a ces migrants, quantites negligeables et innombrables. Des chercheurs, des ecrivains, des artistes tentent de combattre cette indifference en construisant une figure visible de ces migrants, dont parfois il ne reste qu’un nom ou quelques effets personnels abandonnes dans le desert. Au moyen des traces, des empreintes, des bribes de recits familiaux et personnels, il s’agit de reconstruire une histoire, une narration dont l’enjeu est de leur donner droit de cite. De facon plus intime et personnelle, cela permet dans le meme mouvement de reconstituer l’integrite, sinon physique, du moins symbolique, de ces corps meurtris : les familles pourront ainsi faire le deuil de l’etre cher et disparu. L’enjeu de notre article porte, dans une dimension interdisciplinaire (au croisement de la litterature, des arts plastiques et de l’anthropologie politique), sur la constitution d’une forme d’artivisme (Richard Lou) de la memoire qui redonne nom et narration a des exiles. C’est toute la question, en definitive, de la responsabilite ethique et politique des Etats face a la condition migrante, d’autant plus cruciale aujourd’hui que l’Europe se trouve prise dans l’urgence d’une crise migratoire sans precedent.