{"title":"barres vs Ruskin","authors":"J. Desclaux","doi":"10.4000/cve.6911","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Par bien des cotes, Maurice Barres (1862-1923) aurait pu etre un devot de Ruskin : amateur d’art forme par les esthetes de Londres, lecteur assidu de l’ouvrage de Rio, De l’art chretien, ecrivain de Venise, homme politique evoluant vers le traditionalisme, defenseur des eglises de France, un des peres de la loi sur le patrimoine de 1913. Pourtant, Barres resiste aux idees de Ruskin, en raison de son penchant pour la Renaissance italienne, de son affinite plus grande avec les gouts et la sensibilite de Walter Pater et de Stendhal, et peut-etre en reaction a un phenomene de mode comme le montre sa satire des pelerins de Ruskin. Pour repondre a Ruskin, il ne met pas en place un essai theorique sur l’art, mais insere au sein de romans ou d’ecrits de voyage de breves meditations polemiques, ou la connaissance du texte de premiere main gagne du terrain au fil du temps et qui portent pour l’essentiel sur la place a accorder a la Renaissance italienne et sur la representation de Venise. Barres joue ainsi un role paradoxal dans la diffusion de Ruskin en France : il contribue a le faire connaitre — il est l’un des premiers et rares a le nommer dans un roman et, en 1904, il incite Proust a traduire St Mark’s Rest —, tout en devenant un modele de la resistance a Ruskin : Rebell, Daudet et Vaudoyer illustrent la maniere dont Barres a servi de chef de file, ou du moins de caution, a la reaction anti-ruskinienne en France.","PeriodicalId":242548,"journal":{"name":"Cahiers victoriens et édouardiens","volume":"29 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2020-06-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"1","resultStr":"{\"title\":\"Barrès contre Ruskin\",\"authors\":\"J. Desclaux\",\"doi\":\"10.4000/cve.6911\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"Par bien des cotes, Maurice Barres (1862-1923) aurait pu etre un devot de Ruskin : amateur d’art forme par les esthetes de Londres, lecteur assidu de l’ouvrage de Rio, De l’art chretien, ecrivain de Venise, homme politique evoluant vers le traditionalisme, defenseur des eglises de France, un des peres de la loi sur le patrimoine de 1913. Pourtant, Barres resiste aux idees de Ruskin, en raison de son penchant pour la Renaissance italienne, de son affinite plus grande avec les gouts et la sensibilite de Walter Pater et de Stendhal, et peut-etre en reaction a un phenomene de mode comme le montre sa satire des pelerins de Ruskin. Pour repondre a Ruskin, il ne met pas en place un essai theorique sur l’art, mais insere au sein de romans ou d’ecrits de voyage de breves meditations polemiques, ou la connaissance du texte de premiere main gagne du terrain au fil du temps et qui portent pour l’essentiel sur la place a accorder a la Renaissance italienne et sur la representation de Venise. Barres joue ainsi un role paradoxal dans la diffusion de Ruskin en France : il contribue a le faire connaitre — il est l’un des premiers et rares a le nommer dans un roman et, en 1904, il incite Proust a traduire St Mark’s Rest —, tout en devenant un modele de la resistance a Ruskin : Rebell, Daudet et Vaudoyer illustrent la maniere dont Barres a servi de chef de file, ou du moins de caution, a la reaction anti-ruskinienne en France.\",\"PeriodicalId\":242548,\"journal\":{\"name\":\"Cahiers victoriens et édouardiens\",\"volume\":\"29 1\",\"pages\":\"0\"},\"PeriodicalIF\":0.0000,\"publicationDate\":\"2020-06-01\",\"publicationTypes\":\"Journal Article\",\"fieldsOfStudy\":null,\"isOpenAccess\":false,\"openAccessPdf\":\"\",\"citationCount\":\"1\",\"resultStr\":null,\"platform\":\"Semanticscholar\",\"paperid\":null,\"PeriodicalName\":\"Cahiers victoriens et édouardiens\",\"FirstCategoryId\":\"1085\",\"ListUrlMain\":\"https://doi.org/10.4000/cve.6911\",\"RegionNum\":0,\"RegionCategory\":null,\"ArticlePicture\":[],\"TitleCN\":null,\"AbstractTextCN\":null,\"PMCID\":null,\"EPubDate\":\"\",\"PubModel\":\"\",\"JCR\":\"\",\"JCRName\":\"\",\"Score\":null,\"Total\":0}","platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Cahiers victoriens et édouardiens","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/cve.6911","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
Par bien des cotes, Maurice Barres (1862-1923) aurait pu etre un devot de Ruskin : amateur d’art forme par les esthetes de Londres, lecteur assidu de l’ouvrage de Rio, De l’art chretien, ecrivain de Venise, homme politique evoluant vers le traditionalisme, defenseur des eglises de France, un des peres de la loi sur le patrimoine de 1913. Pourtant, Barres resiste aux idees de Ruskin, en raison de son penchant pour la Renaissance italienne, de son affinite plus grande avec les gouts et la sensibilite de Walter Pater et de Stendhal, et peut-etre en reaction a un phenomene de mode comme le montre sa satire des pelerins de Ruskin. Pour repondre a Ruskin, il ne met pas en place un essai theorique sur l’art, mais insere au sein de romans ou d’ecrits de voyage de breves meditations polemiques, ou la connaissance du texte de premiere main gagne du terrain au fil du temps et qui portent pour l’essentiel sur la place a accorder a la Renaissance italienne et sur la representation de Venise. Barres joue ainsi un role paradoxal dans la diffusion de Ruskin en France : il contribue a le faire connaitre — il est l’un des premiers et rares a le nommer dans un roman et, en 1904, il incite Proust a traduire St Mark’s Rest —, tout en devenant un modele de la resistance a Ruskin : Rebell, Daudet et Vaudoyer illustrent la maniere dont Barres a servi de chef de file, ou du moins de caution, a la reaction anti-ruskinienne en France.