{"title":"活的身体体验","authors":"Alexandre Melay","doi":"10.4000/lcc.3651","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"au Japon est indissociable des notions de « performance » et de « corporalité ». À l’origine, les conceptions plastiques japonaises s’enracinent dans une approche non spatiale, mais temporelle de l’art. Le corps et l’acte lui-même sont considérés comme partie intégrante de la réalisation. Les sensations codifiées de la résonance ( ki-in ) ou la projection de l’énergie ( ki-ai ) fondées sur une appréhension instantanée et intuitive des choses ont quelque chose de spécifiquement asiatique. Ces sensations, très physiques, difficilement explicables par les mots sont plutôt d’ordre cérébral. Ainsi, on observe que les actes chez les Japonais ne passent pas par l’étape du raisonnement logique, ce qui caractérise leur côté extrême ainsi que leur promptitude intuitive, qui parfois empêche toute réflexion. Une sorte de sagesse du corps, un corps en silence qui traduit une esthétique de l’immobilité et du contrôle. Ce « corps qui se tait » se soustrait à la logique et s’exprime par exemple dans l’ Éveil ( satori ) auquel conduit la pratique du zen en posture assise ( zazen ) dans le bouddhisme. On cultive dans le zen l’intuition comme ce qui donne une connaissance soudaine, spontanée, indépendante de toute démonstration naturelle ; l’intuition représente la voie inattendue qui se fait entendre juste au moment nécessaire et qui sert de guide. Car depuis toujours, la culture japonaise a favorisé des mécanismes, qui interviennent à la fois sur le corps ( buttai ) et l’esprit ( hondai ) sans procéder à une quelconque séparation, le mouvement artistique Gutaï (1954-1972) fera émerger un art du sens du geste, de la concentration et de l’intuition, qui ouvriront la voie à des performeurs qui valoriseront le corps, qui inviteront à la méditation, et qui repenseront ainsi notre rapport à l’espace et au temps. Traditionally, Japanese culture has promote mechanisms which operate on both body ( buttai ) and mind ( hondai ) without any separation. In the 13th century, the Master Dôgen introduced Zen buddhism to Japan by explaining in the Shôbôgenzô that the zazen posture allows one to find one’s rightful place and function in the dimension of a united mind-body. With a long tradition of musical and dramatic performances and traditional rituals, after the Second World War, Japan saw birth of butoh performative movement in which artists immersed themselves in action. The influence of the precepts of Zen Buddhism introduced in the Gutaï artistic movement (1954-1972) will bring out an art of the sense of gesture, concentration and intuition, which will pave the way of performers who will value body, invite to meditation, and rethink our relationship with space and time.","PeriodicalId":181485,"journal":{"name":"Chantiers de la Création","volume":"89 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2020-04-23","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"L’expérience du corps vécu\",\"authors\":\"Alexandre Melay\",\"doi\":\"10.4000/lcc.3651\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"au Japon est indissociable des notions de « performance » et de « corporalité ». À l’origine, les conceptions plastiques japonaises s’enracinent dans une approche non spatiale, mais temporelle de l’art. 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摘要
在日本,它与“表现”和“身体”的概念是分不开的。最初,日本的造型设计植根于一种非空间的,而是时间的艺术方法。身体和行为本身被认为是实现的一个组成部分。基于对事物的即时和直观理解的共振(ki-in)或能量投射(ki-ai)的编码感觉具有特定的亚洲特征。这些感觉,非常身体上的,很难用语言来解释,是大脑的。因此,可以观察到,日本人的行为不经过逻辑推理阶段,这是他们极端的特点,也是他们直觉的迅速,这有时会阻碍任何思考。一种身体的智慧,一种沉默的身体,表达了一种静止和控制的美学。这种“沉默的身体”脱离了逻辑,例如,在佛教坐禅(坐禅)的实践中,在觉醒(顿悟)中表达自己。在禅宗中,直觉被培养为一种突然的、自发的知识,独立于任何自然的证明;直觉是一种意想不到的方式,可以在需要的时候被听到,并起到指导作用。因为一直以来,日本文化的推动机制,既涉及了(buttai)身体和精神上(hondai)未经任何分离Gutaï艺术运动(1954-1972)将出现一个手势的含义,浓度和艺术直觉铺平道路,在弗格森的尸体,将邀请冥想,并回顾我们报告以及向空间和时间。传统上,日本文化促进了身体(buttai)和心灵(hondai)的运行机制,没有任何分离。在13世纪,禅宗大师dogen将禅宗佛教介绍给了日本,在shobogenzo中解释说,坐禅姿势允许一个人在一个统一的心灵-身体的维度中找到正确的位置和功能。With a long of音乐话剧表演传统和传统rituals, saw诞生of the Second World War)后,日本butoh performative movement in which artists注意取得他们在行动》。在gutai艺术运动(1954-1972)中引入的禅宗佛教戒律的影响将带来一种姿态、专注和直觉的艺术,它将为表演者铺平道路,他们将重视身体,邀请冥想,并重新思考我们与空间和时间的关系。
au Japon est indissociable des notions de « performance » et de « corporalité ». À l’origine, les conceptions plastiques japonaises s’enracinent dans une approche non spatiale, mais temporelle de l’art. Le corps et l’acte lui-même sont considérés comme partie intégrante de la réalisation. Les sensations codifiées de la résonance ( ki-in ) ou la projection de l’énergie ( ki-ai ) fondées sur une appréhension instantanée et intuitive des choses ont quelque chose de spécifiquement asiatique. Ces sensations, très physiques, difficilement explicables par les mots sont plutôt d’ordre cérébral. Ainsi, on observe que les actes chez les Japonais ne passent pas par l’étape du raisonnement logique, ce qui caractérise leur côté extrême ainsi que leur promptitude intuitive, qui parfois empêche toute réflexion. Une sorte de sagesse du corps, un corps en silence qui traduit une esthétique de l’immobilité et du contrôle. Ce « corps qui se tait » se soustrait à la logique et s’exprime par exemple dans l’ Éveil ( satori ) auquel conduit la pratique du zen en posture assise ( zazen ) dans le bouddhisme. On cultive dans le zen l’intuition comme ce qui donne une connaissance soudaine, spontanée, indépendante de toute démonstration naturelle ; l’intuition représente la voie inattendue qui se fait entendre juste au moment nécessaire et qui sert de guide. Car depuis toujours, la culture japonaise a favorisé des mécanismes, qui interviennent à la fois sur le corps ( buttai ) et l’esprit ( hondai ) sans procéder à une quelconque séparation, le mouvement artistique Gutaï (1954-1972) fera émerger un art du sens du geste, de la concentration et de l’intuition, qui ouvriront la voie à des performeurs qui valoriseront le corps, qui inviteront à la méditation, et qui repenseront ainsi notre rapport à l’espace et au temps. Traditionally, Japanese culture has promote mechanisms which operate on both body ( buttai ) and mind ( hondai ) without any separation. In the 13th century, the Master Dôgen introduced Zen buddhism to Japan by explaining in the Shôbôgenzô that the zazen posture allows one to find one’s rightful place and function in the dimension of a united mind-body. With a long tradition of musical and dramatic performances and traditional rituals, after the Second World War, Japan saw birth of butoh performative movement in which artists immersed themselves in action. The influence of the precepts of Zen Buddhism introduced in the Gutaï artistic movement (1954-1972) will bring out an art of the sense of gesture, concentration and intuition, which will pave the way of performers who will value body, invite to meditation, and rethink our relationship with space and time.