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La science-fiction pyrrhonienne : des perles aux cochons
La Renaissance est traditionnellement percue comme un siecle construisant la notion de fiction a partir d’un ensemble de theories philosophiques qui entretiennent une distinction bien nette entre le reel et le produit de la representation, stigmatisant l’absence de lien reel entre eux, ou soulignant au contraire la possibilite de les relier dans une relation speculaire convaincante. Mettant en œuvre pour Platon une parole irrationnelle, non argumentee et dont la referentialite est imponderable, parole fantomatique se situant aux antipodes du discours philosophique - seul apte a saisir le vrai - mais pouvant toutefois seconder ce dernier dans la recherche de la verite lorsqu’il s’agit de theoriser l’irrepresentable, la fiction se voit privee de toute fonction cognitive. Epicure et Lucrece vont jusqu’a la condamner comme un abandon de la demarche de connaissance fondee sur l’experience, comme une parole alienante qu’assument justement les fondateurs de l’Academie et du Lycee, puisqu’Aristote, pour sa part, redore considerablement le statut du texte fictionnel qui, dans son fonctionnement mimetique, s’eleve a la dignite de la recherche philosophique en produisant de maniere vraisemblable et necessaire une comprehension generale du reel. La Poetique, dont la fortune fut importante a la Renaissance, orienta alors la fiction du Grand Siecle vers la mise en place necessaire d’une vraisemblance. Il serait toutefois fort schematique de limiter a l’opposition canonique Platon / Aristot