{"title":"人文学科的价值和价格","authors":"Yves Citton","doi":"10.4000/recherchestravaux.1548","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Professionnalisation et culture commune Il est certainement urgent de s'interroger sur la valeur des enseignements en langues et en sciences humaines. Le sentiment commun est desormais que l'avenir de ces enseignements ne va nullement de soi : autant que la question de leur perimetre, qui a toujours ete âprement debattue, c'est celle de leur survie meme qui se pose au moins depuis quelques decennies, et de facon acceleree avec les transformations numeriques. Aura-ton encore besoin d'apprendre des langues etrangeres lorsqu'il suffira de passer un pdf ou un e-book dans Google Translate pour en avoir aussitot une (bonne) traduction dans sa langue propre, ou lorsque Siri affichera une traduction simultanee de ce que nous dit un passant interroge dans la rue ? Aura-ton du temps a perdre a enseigner la litterature lorsque les pressions de la competitivite neoliberale auront integralement « professionnalise » nos cursus d'etudes ? Meme si nos disciplines n'en finissent pas de tomber des nues, voila deja assez longtemps qu'on se demande pour combien de temps encore il sera considere comme « rentable » de financer des enseignements en lettres, arts et sciences humaines-disciplines que je rangerai sous la categorie generale d'« humanites » (au sens anglais de Humanities). Le probleme plus pertinent me semble etre aujourd'hui de comprendre quels appareils de mesure sont mobilises pour reponde a une telle question, et a quelle echelle. Les « projets d'avenir » de nos disciplines doivent imperativement faire face a ces problemes s'ils ne veulent pas bâtir l'avenir en question sur un château de sable. Je m'efforcerai ici de formuler ce probleme a partir d'un exemple concret importe des USA, mais eclairant pour le cas francais, malgre les differences evidentes et profondes qui separent encore les deux cotes de l'Atlantique.","PeriodicalId":429136,"journal":{"name":"Recherches & travaux","volume":"53 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2019-06-14","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Valeur et prix des humanités\",\"authors\":\"Yves Citton\",\"doi\":\"10.4000/recherchestravaux.1548\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"Professionnalisation et culture commune Il est certainement urgent de s'interroger sur la valeur des enseignements en langues et en sciences humaines. Le sentiment commun est desormais que l'avenir de ces enseignements ne va nullement de soi : autant que la question de leur perimetre, qui a toujours ete âprement debattue, c'est celle de leur survie meme qui se pose au moins depuis quelques decennies, et de facon acceleree avec les transformations numeriques. Aura-ton encore besoin d'apprendre des langues etrangeres lorsqu'il suffira de passer un pdf ou un e-book dans Google Translate pour en avoir aussitot une (bonne) traduction dans sa langue propre, ou lorsque Siri affichera une traduction simultanee de ce que nous dit un passant interroge dans la rue ? Aura-ton du temps a perdre a enseigner la litterature lorsque les pressions de la competitivite neoliberale auront integralement « professionnalise » nos cursus d'etudes ? Meme si nos disciplines n'en finissent pas de tomber des nues, voila deja assez longtemps qu'on se demande pour combien de temps encore il sera considere comme « rentable » de financer des enseignements en lettres, arts et sciences humaines-disciplines que je rangerai sous la categorie generale d'« humanites » (au sens anglais de Humanities). Le probleme plus pertinent me semble etre aujourd'hui de comprendre quels appareils de mesure sont mobilises pour reponde a une telle question, et a quelle echelle. Les « projets d'avenir » de nos disciplines doivent imperativement faire face a ces problemes s'ils ne veulent pas bâtir l'avenir en question sur un château de sable. Je m'efforcerai ici de formuler ce probleme a partir d'un exemple concret importe des USA, mais eclairant pour le cas francais, malgre les differences evidentes et profondes qui separent encore les deux cotes de l'Atlantique.\",\"PeriodicalId\":429136,\"journal\":{\"name\":\"Recherches & travaux\",\"volume\":\"53 1\",\"pages\":\"0\"},\"PeriodicalIF\":0.0000,\"publicationDate\":\"2019-06-14\",\"publicationTypes\":\"Journal Article\",\"fieldsOfStudy\":null,\"isOpenAccess\":false,\"openAccessPdf\":\"\",\"citationCount\":\"0\",\"resultStr\":null,\"platform\":\"Semanticscholar\",\"paperid\":null,\"PeriodicalName\":\"Recherches & travaux\",\"FirstCategoryId\":\"1085\",\"ListUrlMain\":\"https://doi.org/10.4000/recherchestravaux.1548\",\"RegionNum\":0,\"RegionCategory\":null,\"ArticlePicture\":[],\"TitleCN\":null,\"AbstractTextCN\":null,\"PMCID\":null,\"EPubDate\":\"\",\"PubModel\":\"\",\"JCR\":\"\",\"JCRName\":\"\",\"Score\":null,\"Total\":0}","platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Recherches & travaux","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/recherchestravaux.1548","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
Professionnalisation et culture commune Il est certainement urgent de s'interroger sur la valeur des enseignements en langues et en sciences humaines. Le sentiment commun est desormais que l'avenir de ces enseignements ne va nullement de soi : autant que la question de leur perimetre, qui a toujours ete âprement debattue, c'est celle de leur survie meme qui se pose au moins depuis quelques decennies, et de facon acceleree avec les transformations numeriques. Aura-ton encore besoin d'apprendre des langues etrangeres lorsqu'il suffira de passer un pdf ou un e-book dans Google Translate pour en avoir aussitot une (bonne) traduction dans sa langue propre, ou lorsque Siri affichera une traduction simultanee de ce que nous dit un passant interroge dans la rue ? Aura-ton du temps a perdre a enseigner la litterature lorsque les pressions de la competitivite neoliberale auront integralement « professionnalise » nos cursus d'etudes ? Meme si nos disciplines n'en finissent pas de tomber des nues, voila deja assez longtemps qu'on se demande pour combien de temps encore il sera considere comme « rentable » de financer des enseignements en lettres, arts et sciences humaines-disciplines que je rangerai sous la categorie generale d'« humanites » (au sens anglais de Humanities). Le probleme plus pertinent me semble etre aujourd'hui de comprendre quels appareils de mesure sont mobilises pour reponde a une telle question, et a quelle echelle. Les « projets d'avenir » de nos disciplines doivent imperativement faire face a ces problemes s'ils ne veulent pas bâtir l'avenir en question sur un château de sable. Je m'efforcerai ici de formuler ce probleme a partir d'un exemple concret importe des USA, mais eclairant pour le cas francais, malgre les differences evidentes et profondes qui separent encore les deux cotes de l'Atlantique.