{"title":"石油:没有明显创伤的冲击","authors":"Christine Rifflart","doi":"10.3917/reof.095.0159","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"A plus de 60 dollars l’ete dernier, le prix du baril de Brent a augmente de 50 % sur un an et 250 % par rapport a la moyenne des annees 1990. Simultanement, l’economie mondiale connait depuis 2003 une tres forte expansion (plus de 4 % l’an) combinee a une faible inflation, ce qui a permis de maintenir des politiques monetaires neutres, voire legerement accommodantes dans les pays de l’OCDE. A la difference de ceux de 1973 et 1979, le choc petrolier actuel n’a donc pas entraine les pays importateurs sur le chemin de la recession et de l’inflation. Il s’est davantage traduit par un approfondissement des desequilibres deja existants : hausse accrue de l’endettement des menages, pressions deflationnistes renforcees dans les entreprises notamment de la zone euro, poursuite du creusement du deficit courant americain. Certes, la hausse de l’inflation, via les produits petroliers, a bien eu lieu. Sur les huit premiers mois de l’annee 2005, ceux-ci expliquent plus de 1 point d’inflation de part et d’autre de l’Atlantique. Depuis la fin 2003, aux Etats-Unis, la hausse du pouvoir d’achat du revenu des menages a ete de 3,6 %. Hors effet petrolier, elle aurait ete de 6 %. Dans la zone euro, la progression aurait ete, sans le choc petrolier, deux fois plus forte. Mais hors energie, l’inflation reste particulierement contenue en 2005 (+ 0,3 % entre decembre 2004 et aout 2005 dans la zone euro), signe d’un controle tres fort sur les autres couts de production. Cote commerce exterieur, la hausse de la facture petroliere entre la fin 2003 et le troisieme trimestre 2005 atteint 15 milliards d’euros pour la zone euro (0,2 point de PIB) et 50 milliards de dollars pour les Etats-Unis (0,4 point de PIB). Le transfert de richesse vers les pays exportateurs a permis que la croissance s’accelere et genere un surcroit d’importations. Leurs excedents courants atteignent des niveaux record en 2005, tout comme les sorties nettes de capitaux prives et les reserves de change detenues par les Banques centrales locales. Ces liquidites sont investies sur les marches boursiers et immobiliers de la region, mais alimentent egalement les marches financiers internationaux, participant ainsi au maintien des bas taux d’interet a long terme qui favorisent l’endettement. Dans l’hypothese ou les prix redescendent a 45 dollars le baril en 2006, la croissance augmenterait entre 0,2 et 0,4 point de PIB aux Etats-Unis et entre 0,2 et 0,7 point dans la zone euro selon respectivement les variantes de l’Agence internationale de l’energie (AIE) et de l’OCDE (0,4 point selon l’OFCE).","PeriodicalId":325508,"journal":{"name":"Sciences Po publications","volume":"10 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2005-10-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Pétrole: un choc sans traumatisme apparent\",\"authors\":\"Christine Rifflart\",\"doi\":\"10.3917/reof.095.0159\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"A plus de 60 dollars l’ete dernier, le prix du baril de Brent a augmente de 50 % sur un an et 250 % par rapport a la moyenne des annees 1990. 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