L’individu et le groupe : les tyrannies jumelles de l’internalisme et de l’individualisme

L’individualisme et l’internalisme ont tendance a etre la norme au sein de presque toutes les ecoles de psychotherapie, qu’elles soient humanistes, cognitives ou analytiques. Ce n’est pas etonnant pour les psychotherapies individuelles, mais, et c’est plus surprenant, il en va de meme pour de nombreuses formes de psychotherapie de groupe. Selon ces manieres de penser, les sources de tout phenomene social – racisme, avarice, haine, violence, amour, empathie ou quoi que ce soit – se trouvent dans les mondes internes des individus. Cela vient de la croyance selon laquelle les dynamiques sociales sont initiees par les dynamiques psychologiques internes et en sont l’expression. La psychotherapie, donc, devient d’abord le projet de dechiffrer des phenomenes cliniques (le manifeste) en revenant a la psyche (le latent). L’auteur croit que ce type de systeme de croyances est a la fois asocial et apolitique, ce qui legitime des formes de pratique egalement asociales et apolitiques. Il presente ici un paradigme autre, qui place les relations de pouvoir et la sensibilite ethique au centre de la condition humaine. Pour ce faire, il s’appuie sur des courants particuliers de la philosophie, de la psychologie et de la sociologie. Cette maniere de penser provoque un renversement de l’individualisme et amene l’auteur a affirmer que le social prime sur l’individuel. Conclusion qui aura a son tour des consequences cruciales sur la maniere de pratiquer la psychotherapie.