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Une enquete ethnographique, menee entre 2016 et 2019 dans un quartier d’habitat social a Strasbourg, met en lumiere le caractere disciplinaire confere aux jardins partages lorsqu’ils se rattachent a la politique de la ville et s’articulent a un projet de renovation urbaine. Cet article montre ainsi que ces espaces participent, au sens foucaldien, au gouvernement des conduites des habitants en œuvrant sur trois niveaux principaux. Spatial d’abord, lorsque la vegetalisation et l’ordonnancement du quartier sont mis au service de la tranquillite publique. Ensuite, en dediant certains espaces au jardinage, il s’agit de definir des comportements qui y sont autorises et de releguer les populations jugees « deviantes » qui ne s’y conformeraient pas. Enfin, l’exhortation municipale, sous peine de sanction, a formaliser l’action collective des jardiniers, ici en se constituant en association, participe a imposer des comportements dont la dissonance avec les ressources dont disposent certains habitants menace d’exclusion les plus demunis et les moins acquis au projet.","PeriodicalId":432915,"journal":{"name":"Carnets de géographes","volume":"242 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2021-02-22","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Des jardins pour maintenir l’ordre ? Enquête ethnographique dans un quartier populaire strasbourgeois\",\"authors\":\"Romane Joly, Vincent Lebrou\",\"doi\":\"10.4000/CDG.7610\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"La litterature abonde sur les jardins partages qui, depuis une dizaine d’annees, verdissent nombre d’espaces urbains a travers le monde. 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Des jardins pour maintenir l’ordre ? Enquête ethnographique dans un quartier populaire strasbourgeois
La litterature abonde sur les jardins partages qui, depuis une dizaine d’annees, verdissent nombre d’espaces urbains a travers le monde. Rejoignant des enjeux alimentaires et de durabilite urbaine, ces initiatives citoyennes sont presentees dans le discours politique et mediatique en vigueur en France comme l’accomplissement d’un « doit a la ville » par des habitants desireux de se reapproprier l’espace urbain. Pour autant, la fonction attribuee aux jardins partages apparait moins definitive qu’il n’y parait, des lors que l’on s’interesse a la diversite des espaces ou ils se deploient ainsi qu’aux personnes impliquees dans leur creation et leur fonctionnement. Une enquete ethnographique, menee entre 2016 et 2019 dans un quartier d’habitat social a Strasbourg, met en lumiere le caractere disciplinaire confere aux jardins partages lorsqu’ils se rattachent a la politique de la ville et s’articulent a un projet de renovation urbaine. Cet article montre ainsi que ces espaces participent, au sens foucaldien, au gouvernement des conduites des habitants en œuvrant sur trois niveaux principaux. Spatial d’abord, lorsque la vegetalisation et l’ordonnancement du quartier sont mis au service de la tranquillite publique. Ensuite, en dediant certains espaces au jardinage, il s’agit de definir des comportements qui y sont autorises et de releguer les populations jugees « deviantes » qui ne s’y conformeraient pas. Enfin, l’exhortation municipale, sous peine de sanction, a formaliser l’action collective des jardiniers, ici en se constituant en association, participe a imposer des comportements dont la dissonance avec les ressources dont disposent certains habitants menace d’exclusion les plus demunis et les moins acquis au projet.