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摘要
在20世纪80年代后半期,一种真正的愚蠢美学在整个文化领域发展起来。1994年至1998年间,一些年轻的艺术评论家在当时最受欢迎的杂志《Flash Art International》、《Artpress》和《Frieze》上抓住了这一现象,并试图将其理论化。对这一系列文章(由Joshua Decter, Eric Troncy, Jon Savage, Andrew Hulktrans和Jean-Yves Jouannais签名)的研究表明,当时艺术批评的变化和刻意的bete艺术所代表的挑战。值得注意的是,艺术批评变成了文化批评:它很少关注作品,沦为插图和视觉论证的地位。我们还将质疑当代艺术杂志对当代最倒退的流行媒体文化的重视程度。Beavis & Butt-Head, Melrose Place和Alerte a Malibu都在artforum或Flash Art的专栏中进行了讨论。虽然被贴上“当代艺术”标签的艺术作品引发了令人惊讶的简短分析,但电视连续剧和卡通片引发了最具挑战性的分析。他们通过使用现代主义所珍视的元批评范式来做到这一点,赋予最倒退的作品一种幽灵形象的地位,一种既重复又批判的形象,一种产生它们的愚蠢文化。然后指出了以下悖论:20世纪90年代的艺术批评在强烈的热情和哀叹之间交替,将最激进的反智主义智能化了。
Dans la deuxieme moitie des annees 1980 s’est developpee, dans l’ensemble du champ de la culture, une veritable esthetique de la betise. Quelques jeunes critiques d’art se sont alors empares du phenomene et ont tente de le theoriser, entre 1994 et 1998, dans les revues les plus lues de l’epoque : Flash Art International, Artpress, Frieze. L’etude de ce corpus d’articles (signes par Joshua Decter, Eric Troncy, Jon Savage, Andrew Hulktrans et Jean-Yves Jouannais) temoigne a la fois des mutations de la critique d’art de l’epoque et de l’enjeu que represente alors l’art deliberement bete. On remarquera que la critique d’art se fait alors critique culturelle : elle regarde peu les œuvres, reduites au statut d’illustrations et d’arguments visuels. On s’interrogera egalement sur la place que les revues d’art contemporain ont accordee a la culture populaire mediatique la plus regressive du temps. Beavis & Butt-Head, Melrose Place ou encore Alerte a Malibu ont ete ainsi disseques dans les colonnes d’Artforum ou de Flash Art. Alors que les œuvres d’art estampillees « art contemporain » donnaient lieu a des analyses etonnamment sommaires, ce sont les series televisees et les dessins animes qui ont conduit aux analyses les plus stimulantes. Elles l’ont fait en recourant au paradigme de la meta-criticalite cher au modernisme, conferant aux œuvres les plus regressives le statut d’image speculaire, a la fois duplice et critique, de la culture de la betise qui les generait. Pointe alors le paradoxe suivant : alternant entre l’enthousiasme forcene et la deploration, la critique d’art des annees 1990 a intellectualise l’anti-intellectualisme le plus radical.