La mort du Cy/signe ou la fin du mythe de l'identité sexuelle dans Sphinx d'Anne Garréta

Abstract:Publié en 1986, le premier roman d'Anne Garréta, Sphinx, a retenu l'attention de la critique par son originalité, son auteure s'étant employée à n'attribuer aucune marque linguistique de genre aux deux protagonistes de son premier roman, je et A***. Cette prouesse technique a contribué à focaliser le débat sur la problématique du genre grammatical et de l'identité socio-sexuelle, nombreux étant ceux qui ont cherché à résoudre l'énigme du couple formé par je et A***. Cet article revient sur cette question en l'abordant sous un angle nouveau dans la mesure où je et A*** sont envisagés comme les deux facettes d'un seul et même personnage, A*** devenant le corps biologique socialement construit du je narrant, donc pensant. L'objectif du roman est de mettre à mort non seulement le mythe du langage, mais aussi le mythe de la division des sexes en tant que langage. Le fond et la forme sont donc complémentaires, les morts qui jalonnent le récit constituant autant d'étapes dans la déconstruction d'un schéma identitaire binaire.