{"title":"Renée C.","authors":"Martine Ruchat","doi":"10.4000/rhei.4741","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"A partir des archives provenant de l’association Mars 95, un dossier individuel d’une fillette - fille de fille-mere – designee ici par un prenom fictif, Renee C., placee en 1939, a l’âge de 5 ans jusqu’a 22 ans, a l’Œuvre St. Marguerite, s’ebauche une biographie, mais pas seulement. Car outre l’arrangement chronologique, ainsi que le reperage des differentes personnes qui prennent la plume, il faut retracer le recit d’une vie a partir des faits notifies qui sont, a chaque ecriture, reinvention, hier comme aujourd’hui. Il y a, a chaque fois, mises en mots et mises en scene. Dans cet article, ce sont celles des discours des professionnel·le·s qui sont privilegiees et en particulier leur obsession d’une sexualite hors mariage qui pourrait entrainer une nouvelle naissance illegitime : apres la mere, la fille. Chaque auteur·trice des documents fait naitre, a sa facon, Renee C. etrangere a leurs yeux. Or, les mots des professionnel-le-s sont repris par Renee au point de les faire siens et de s’approprier leur discours sur sa propre etrangete. Cette assignation a une categorie de l’etrangete qu’est une fille de fille-mere ne peut qu’etonner, ce d’autant plus lorsqu’on y associe tout comportement incompris des professionnel-le-s ? Cette biographie de Renee C. rappelle que toute categorie delimite une realite forcement plus complexe ; par exemple, celle des prenoms qui relient a une genealogie, a des familles, du familier et de l’etranger, voire de l’inconnu (le pere) ; celle des rapports de classes - des mondes etrangers l’un a l’autre - que rappelle le refus de Renee d’etre surveillee, soupconnee, consideree comme une subalterne et humiliee ; celle d’une culture religieuse qui fait du corps de la fille placee, un capital national et de sa sexualite, un enjeu moral. Par l’agencement des mots, ce recit biographique est aussi une nouvelle mise en scene.","PeriodicalId":143423,"journal":{"name":"Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière »","volume":"2 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2019-11-12","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière »","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/rhei.4741","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0
摘要
从1995年3月协会的档案中,一个小女孩的个人档案——娘娘养的女儿——在这里用一个虚构的名字蕾妮·C,写于1939年,年龄从5岁到22岁,在圣玛格丽特的作品中,被描绘成一个传记,但不仅如此。因为除了按时间顺序排列,以及不同拿起笔的人的剧目之外,我们还必须从记录的事实中追溯一个人的生活故事,这些事实在每一篇文章中都是昨天和今天的再创造。每一次,都有文字和场景。在这篇文章中,专业人士的话语是特权的,特别是他们对婚外性行为的痴迷,这可能导致一个文盲的新生:在母亲之后,女孩。每个文件的作者都以自己的方式创造了Renee C. etrangere。然而,专业人士的话语被蕾妮接受,以至于她把它们变成了自己的话语,并把它们变成了自己的异类。这种分配有一个奇怪的类别,就像一个娘娘养的女儿,这只能令人惊讶,特别是当我们把专业人士的任何误解的行为联系在一起时?蕾妮·c的传记提醒我们,任何类别都不可避免地定义了一个更复杂的现实;例如,与家谱、家庭、熟悉的和陌生的,甚至是未知的(父亲)有关的名字;阶级关系——彼此之间的陌生世界——这让蕾妮想起了拒绝被监视、怀疑、被视为下属和羞辱;这是一种宗教文化,把女孩的身体作为国家首都,把她的性作为道德问题。通过文字的排列,这个传记故事也是一个新的场景。
A partir des archives provenant de l’association Mars 95, un dossier individuel d’une fillette - fille de fille-mere – designee ici par un prenom fictif, Renee C., placee en 1939, a l’âge de 5 ans jusqu’a 22 ans, a l’Œuvre St. Marguerite, s’ebauche une biographie, mais pas seulement. Car outre l’arrangement chronologique, ainsi que le reperage des differentes personnes qui prennent la plume, il faut retracer le recit d’une vie a partir des faits notifies qui sont, a chaque ecriture, reinvention, hier comme aujourd’hui. Il y a, a chaque fois, mises en mots et mises en scene. Dans cet article, ce sont celles des discours des professionnel·le·s qui sont privilegiees et en particulier leur obsession d’une sexualite hors mariage qui pourrait entrainer une nouvelle naissance illegitime : apres la mere, la fille. Chaque auteur·trice des documents fait naitre, a sa facon, Renee C. etrangere a leurs yeux. Or, les mots des professionnel-le-s sont repris par Renee au point de les faire siens et de s’approprier leur discours sur sa propre etrangete. Cette assignation a une categorie de l’etrangete qu’est une fille de fille-mere ne peut qu’etonner, ce d’autant plus lorsqu’on y associe tout comportement incompris des professionnel-le-s ? Cette biographie de Renee C. rappelle que toute categorie delimite une realite forcement plus complexe ; par exemple, celle des prenoms qui relient a une genealogie, a des familles, du familier et de l’etranger, voire de l’inconnu (le pere) ; celle des rapports de classes - des mondes etrangers l’un a l’autre - que rappelle le refus de Renee d’etre surveillee, soupconnee, consideree comme une subalterne et humiliee ; celle d’une culture religieuse qui fait du corps de la fille placee, un capital national et de sa sexualite, un enjeu moral. Par l’agencement des mots, ce recit biographique est aussi une nouvelle mise en scene.