{"title":"感动的身体,越界的身体","authors":"","doi":"10.1163/9789004434967_011","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Tout au long de la première partie de l’Histoire générale des Antilles, le corps des Blancs occupe le centre de l’attention. Les ouragans, les maladies et la famine menacent les habitants, les autres nations européennes, les flibustiers, et les Autochtones les harcèlent : le danger les guette en permanence. Les nouveaux arrivés surtout, affamés et épuisés, sont également en butte à la négligence de leurs compatriotes (y compris celle des compagnies, qui ne prévoient pas de nourriture en quantité suffisante dans la cargaison des vaisseaux) et aux agressions de la nature tropicale, puisqu’ils ne sont pas encore accoutumés au climat de la zone torride. Les Français, écrit Du Tertre dans la description des habitants, ne sont pas suffisamment attentifs à leur alimentation, ce qui compromet leur capacité d’adaptation physique à un milieu étranger et les expose à une multitude de maladies : « [...] car la parfaite santé de l’hôme consistat dans la liberté du mouvement du sang, & des esprits, qui contiennet la vie, & la distribuënt dans toutes les parties du corps, l’empéchement ou le déreglement de ce mouvement, fait des obstructiôs qui sont les veritables causes des maux [...] ». (1667, tome II : 479) La théorie des climats confirme ainsi l’idée selon laquelle l’Européen doit s’accoutumer progressivement à la vie à l’étranger. En effet, déplacé de l’autre côté du monde, le Français est aussi transformé en corps exposé dans le récit. Ainsi, dans cette scène à laquelle Du Tertre n’a pas lui-même assisté, mais qu’un témoin oculaire « très fiable » lui aurait racontée :","PeriodicalId":114148,"journal":{"name":"Lire l’<i>Histoire générale des Antilles</i> de J.-B. Du Tertre","volume":"29 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2020-09-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Corps touchants, corps transgressifs\",\"authors\":\"\",\"doi\":\"10.1163/9789004434967_011\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"Tout au long de la première partie de l’Histoire générale des Antilles, le corps des Blancs occupe le centre de l’attention. Les ouragans, les maladies et la famine menacent les habitants, les autres nations européennes, les flibustiers, et les Autochtones les harcèlent : le danger les guette en permanence. Les nouveaux arrivés surtout, affamés et épuisés, sont également en butte à la négligence de leurs compatriotes (y compris celle des compagnies, qui ne prévoient pas de nourriture en quantité suffisante dans la cargaison des vaisseaux) et aux agressions de la nature tropicale, puisqu’ils ne sont pas encore accoutumés au climat de la zone torride. Les Français, écrit Du Tertre dans la description des habitants, ne sont pas suffisamment attentifs à leur alimentation, ce qui compromet leur capacité d’adaptation physique à un milieu étranger et les expose à une multitude de maladies : « [...] car la parfaite santé de l’hôme consistat dans la liberté du mouvement du sang, & des esprits, qui contiennet la vie, & la distribuënt dans toutes les parties du corps, l’empéchement ou le déreglement de ce mouvement, fait des obstructiôs qui sont les veritables causes des maux [...] ». (1667, tome II : 479) La théorie des climats confirme ainsi l’idée selon laquelle l’Européen doit s’accoutumer progressivement à la vie à l’étranger. En effet, déplacé de l’autre côté du monde, le Français est aussi transformé en corps exposé dans le récit. Ainsi, dans cette scène à laquelle Du Tertre n’a pas lui-même assisté, mais qu’un témoin oculaire « très fiable » lui aurait racontée :\",\"PeriodicalId\":114148,\"journal\":{\"name\":\"Lire l’<i>Histoire générale des Antilles</i> de J.-B. Du Tertre\",\"volume\":\"29 1\",\"pages\":\"0\"},\"PeriodicalIF\":0.0000,\"publicationDate\":\"2020-09-10\",\"publicationTypes\":\"Journal Article\",\"fieldsOfStudy\":null,\"isOpenAccess\":false,\"openAccessPdf\":\"\",\"citationCount\":\"0\",\"resultStr\":null,\"platform\":\"Semanticscholar\",\"paperid\":null,\"PeriodicalName\":\"Lire l’<i>Histoire générale des Antilles</i> de J.-B. Du Tertre\",\"FirstCategoryId\":\"1085\",\"ListUrlMain\":\"https://doi.org/10.1163/9789004434967_011\",\"RegionNum\":0,\"RegionCategory\":null,\"ArticlePicture\":[],\"TitleCN\":null,\"AbstractTextCN\":null,\"PMCID\":null,\"EPubDate\":\"\",\"PubModel\":\"\",\"JCR\":\"\",\"JCRName\":\"\",\"Score\":null,\"Total\":0}","platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Lire l’<i>Histoire générale des Antilles</i> de J.-B. Du Tertre","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.1163/9789004434967_011","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
Tout au long de la première partie de l’Histoire générale des Antilles, le corps des Blancs occupe le centre de l’attention. Les ouragans, les maladies et la famine menacent les habitants, les autres nations européennes, les flibustiers, et les Autochtones les harcèlent : le danger les guette en permanence. Les nouveaux arrivés surtout, affamés et épuisés, sont également en butte à la négligence de leurs compatriotes (y compris celle des compagnies, qui ne prévoient pas de nourriture en quantité suffisante dans la cargaison des vaisseaux) et aux agressions de la nature tropicale, puisqu’ils ne sont pas encore accoutumés au climat de la zone torride. Les Français, écrit Du Tertre dans la description des habitants, ne sont pas suffisamment attentifs à leur alimentation, ce qui compromet leur capacité d’adaptation physique à un milieu étranger et les expose à une multitude de maladies : « [...] car la parfaite santé de l’hôme consistat dans la liberté du mouvement du sang, & des esprits, qui contiennet la vie, & la distribuënt dans toutes les parties du corps, l’empéchement ou le déreglement de ce mouvement, fait des obstructiôs qui sont les veritables causes des maux [...] ». (1667, tome II : 479) La théorie des climats confirme ainsi l’idée selon laquelle l’Européen doit s’accoutumer progressivement à la vie à l’étranger. En effet, déplacé de l’autre côté du monde, le Français est aussi transformé en corps exposé dans le récit. Ainsi, dans cette scène à laquelle Du Tertre n’a pas lui-même assisté, mais qu’un témoin oculaire « très fiable » lui aurait racontée :