{"title":"阿贝尔·蒂福格斯在米歇尔·图尼尔的《桤木之王》中的定位","authors":"Phyllis Johnson, B. Cazelles","doi":"10.1353/RMR.1975.0016","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Si la traduction anglaise du titre semble détecter dans le roman de Michel Toumier l un appétit anthropophage que la légende allemande désavouerait, elle a pourtant le mérite de résumer avec saveur la réalité interne du héros. Le Roi des Aulnes se prête à de multiples interprétations où la critique peut à loisir puiser dans la tradition mythique pour extrapoler la véritable signification d'un symbolisme exacerbé. Dans une infinie série d'équations, Abel Tiffauges est d'abord ce garagiste de la Porte-des-Ternes, destiné à connaître le Canada de la liberté dans une orientation qui l'emmène au-delà des frontières de la France et de la guerre. Mais ce dépaysement ne fait que prolonger un déracinement tôt pressenti, entre les murs du collège de Saint-Christophe, dans la clôture de son garage et le sanctuaire de sa chambre. La monstruosité d'Abel Tiffauges provient ainsi d'une différence fondamentale entre lui et le monde, d'une vie parallèle qui le fait écrire de la main gauche, courir la chair fraîche, goûter aux plaisirs incongrus du voyeur. Au sentiment d'un destin exceptionnel se joint la sensation d'une unicité traduite par ses efforts à capter les effluves de son existence scatologique. Tout est polarité; seul le héros s'octroie le bénéfice de l'asexualité, afin de mieux recueillir les courts-circuits du fortuit et de l'insolite. Il ne s'agit cependant pas d'une quête surréaliste, pour le profit du scandale et de l'onirique. Les vies parallèles de Tiffauges sont justement","PeriodicalId":326714,"journal":{"name":"Rocky Mountain Review of Language and Literature","volume":"35 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2016-01-06","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"1","resultStr":"{\"title\":\"L'Orientation d'Abel Tiffauges dans Le Roi des Aulnes de Michel Tournier\",\"authors\":\"Phyllis Johnson, B. Cazelles\",\"doi\":\"10.1353/RMR.1975.0016\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"Si la traduction anglaise du titre semble détecter dans le roman de Michel Toumier l un appétit anthropophage que la légende allemande désavouerait, elle a pourtant le mérite de résumer avec saveur la réalité interne du héros. Le Roi des Aulnes se prête à de multiples interprétations où la critique peut à loisir puiser dans la tradition mythique pour extrapoler la véritable signification d'un symbolisme exacerbé. Dans une infinie série d'équations, Abel Tiffauges est d'abord ce garagiste de la Porte-des-Ternes, destiné à connaître le Canada de la liberté dans une orientation qui l'emmène au-delà des frontières de la France et de la guerre. Mais ce dépaysement ne fait que prolonger un déracinement tôt pressenti, entre les murs du collège de Saint-Christophe, dans la clôture de son garage et le sanctuaire de sa chambre. La monstruosité d'Abel Tiffauges provient ainsi d'une différence fondamentale entre lui et le monde, d'une vie parallèle qui le fait écrire de la main gauche, courir la chair fraîche, goûter aux plaisirs incongrus du voyeur. Au sentiment d'un destin exceptionnel se joint la sensation d'une unicité traduite par ses efforts à capter les effluves de son existence scatologique. Tout est polarité; seul le héros s'octroie le bénéfice de l'asexualité, afin de mieux recueillir les courts-circuits du fortuit et de l'insolite. Il ne s'agit cependant pas d'une quête surréaliste, pour le profit du scandale et de l'onirique. Les vies parallèles de Tiffauges sont justement\",\"PeriodicalId\":326714,\"journal\":{\"name\":\"Rocky Mountain Review of Language and Literature\",\"volume\":\"35 1\",\"pages\":\"0\"},\"PeriodicalIF\":0.0000,\"publicationDate\":\"2016-01-06\",\"publicationTypes\":\"Journal Article\",\"fieldsOfStudy\":null,\"isOpenAccess\":false,\"openAccessPdf\":\"\",\"citationCount\":\"1\",\"resultStr\":null,\"platform\":\"Semanticscholar\",\"paperid\":null,\"PeriodicalName\":\"Rocky Mountain Review of Language and Literature\",\"FirstCategoryId\":\"1085\",\"ListUrlMain\":\"https://doi.org/10.1353/RMR.1975.0016\",\"RegionNum\":0,\"RegionCategory\":null,\"ArticlePicture\":[],\"TitleCN\":null,\"AbstractTextCN\":null,\"PMCID\":null,\"EPubDate\":\"\",\"PubModel\":\"\",\"JCR\":\"\",\"JCRName\":\"\",\"Score\":null,\"Total\":0}","platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Rocky Mountain Review of Language and Literature","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.1353/RMR.1975.0016","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
L'Orientation d'Abel Tiffauges dans Le Roi des Aulnes de Michel Tournier
Si la traduction anglaise du titre semble détecter dans le roman de Michel Toumier l un appétit anthropophage que la légende allemande désavouerait, elle a pourtant le mérite de résumer avec saveur la réalité interne du héros. Le Roi des Aulnes se prête à de multiples interprétations où la critique peut à loisir puiser dans la tradition mythique pour extrapoler la véritable signification d'un symbolisme exacerbé. Dans une infinie série d'équations, Abel Tiffauges est d'abord ce garagiste de la Porte-des-Ternes, destiné à connaître le Canada de la liberté dans une orientation qui l'emmène au-delà des frontières de la France et de la guerre. Mais ce dépaysement ne fait que prolonger un déracinement tôt pressenti, entre les murs du collège de Saint-Christophe, dans la clôture de son garage et le sanctuaire de sa chambre. La monstruosité d'Abel Tiffauges provient ainsi d'une différence fondamentale entre lui et le monde, d'une vie parallèle qui le fait écrire de la main gauche, courir la chair fraîche, goûter aux plaisirs incongrus du voyeur. Au sentiment d'un destin exceptionnel se joint la sensation d'une unicité traduite par ses efforts à capter les effluves de son existence scatologique. Tout est polarité; seul le héros s'octroie le bénéfice de l'asexualité, afin de mieux recueillir les courts-circuits du fortuit et de l'insolite. Il ne s'agit cependant pas d'une quête surréaliste, pour le profit du scandale et de l'onirique. Les vies parallèles de Tiffauges sont justement