{"title":"Un dialogue imaginaire entre Claude Zilberberg et Eric Landowski : autour de l’événement, de l’aléa et de l’accident","authors":"J. Fontanille","doi":"10.25965/as.6473","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"1. Préambule1 A la suite de Tension et signification, qui proposait une synthèse de la sémiotique des passions et des approches tensives, Claude Zilberberg a développé sa propre conception de la sémiotique tensive, dont il a fait un modèle général pour l’épistémologie, la théorie et la méthode sémiotiques2. Il a su ainsi transformer un ensemble d’hypothèses, d’analyses et de modèles divers en une véritable grammaire homogène, présentant à la fois une très forte cohérence conceptuelle et de nombreuses déclinaisons méthodologiques. Au cœur de cette cohérence, se trouve la théorie de l’événement. Parallèlement, Eric Landowski concevait et développait sa théorie des interactions, dont l’ambition synthétique était tout aussi englobante et cohérente. Elle visait notamment un élargissement du champ des analyses passionnelles (qui aboutira à Passions sans nom), où la sémiotique des passions antérieure se trouvait située (du côté de la programmation, de la manipulation et de l’intentionnalité), et faisait place à une autre approche des passions, articulée autour des notions d’accident, d’aléa, d’ajustement et de sensibilité esthésique3. A l’occasion de cette redistribution des cartes théoriques, Landowski met en évidence ce qui constitue une véritable découverte pour la sémiotique issue des travaux de Greimas et de ses successeurs, à savoir les propriétés et le rôle de l’aléa et de l’accident. Au-delà de la différence (évidente, et donc... aveuglante) entre leurs styles de pensée respectifs, leurs références théoriques et leurs champs d’application, il nous paraît utile de confronter ces deux approches de ce qu’on pourrait appeler, comme problématique commune, l’« incidence syntagmatique » : d’un côté, l’événement selon Claude Zilberberg et de l’autre, l’aléa-accident selon Eric Landowski. L’un comme l’autre se caractérisent en effet par le fait qu’ils « arrivent » dans la chaîne syntagmatique sans qu’on ait pu les anticiper, qu’il est particulièrement difficile d’en imputer l’origine à un actant identifiable, et qu’ils constituent un problème à résoudre pour l’organisation syntagmatique du cours des choses, tel qu’il était engagé avant cette incidence syntagmatique.","PeriodicalId":64325,"journal":{"name":"新作文(小学123年级)","volume":"46 17","pages":""},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2020-02-28","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"新作文(小学123年级)","FirstCategoryId":"1092","ListUrlMain":"https://doi.org/10.25965/as.6473","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
1. Préambule1 A la suite de Tension et signification, qui proposait une synthèse de la sémiotique des passions et des approches tensives, Claude Zilberberg a développé sa propre conception de la sémiotique tensive, dont il a fait un modèle général pour l’épistémologie, la théorie et la méthode sémiotiques2. Il a su ainsi transformer un ensemble d’hypothèses, d’analyses et de modèles divers en une véritable grammaire homogène, présentant à la fois une très forte cohérence conceptuelle et de nombreuses déclinaisons méthodologiques. Au cœur de cette cohérence, se trouve la théorie de l’événement. Parallèlement, Eric Landowski concevait et développait sa théorie des interactions, dont l’ambition synthétique était tout aussi englobante et cohérente. Elle visait notamment un élargissement du champ des analyses passionnelles (qui aboutira à Passions sans nom), où la sémiotique des passions antérieure se trouvait située (du côté de la programmation, de la manipulation et de l’intentionnalité), et faisait place à une autre approche des passions, articulée autour des notions d’accident, d’aléa, d’ajustement et de sensibilité esthésique3. A l’occasion de cette redistribution des cartes théoriques, Landowski met en évidence ce qui constitue une véritable découverte pour la sémiotique issue des travaux de Greimas et de ses successeurs, à savoir les propriétés et le rôle de l’aléa et de l’accident. Au-delà de la différence (évidente, et donc... aveuglante) entre leurs styles de pensée respectifs, leurs références théoriques et leurs champs d’application, il nous paraît utile de confronter ces deux approches de ce qu’on pourrait appeler, comme problématique commune, l’« incidence syntagmatique » : d’un côté, l’événement selon Claude Zilberberg et de l’autre, l’aléa-accident selon Eric Landowski. L’un comme l’autre se caractérisent en effet par le fait qu’ils « arrivent » dans la chaîne syntagmatique sans qu’on ait pu les anticiper, qu’il est particulièrement difficile d’en imputer l’origine à un actant identifiable, et qu’ils constituent un problème à résoudre pour l’organisation syntagmatique du cours des choses, tel qu’il était engagé avant cette incidence syntagmatique.