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Abstract
L’article propose de saisir la signature manuscrite comme une invention metaphysique de la civilisation europeenne, dite occidentale. Dans le cadre de cette derniere, la signature manuscrite est consideree comme un signe a la fois authentique (non-repetable) et conventionnel (repetable), cense garantir l’identification juridique de la personne qui l’a tracee. Sachant que la signature est un signe d’identification juridique dont l’authenticite peut toujours etre contrefaite, Jacques Derrida a cherche a deconstruire le fonctionnement contradictoire de la metaphysique occidentale qui nous conduit a confondre nos attentes de la convention et de l’authenticite dans nos usages des signatures. En relisant les textes derridiens portant sur l’ecriture, l’article propose d’attirer l’attention sur le paradoxe pragmatique qui fonde les regles en matiere de signature : puisqu’il est impossible de reproduire manuellement une ligne manuscrite de maniere exacte, personne ne peut respecter l’obligation legale de signer conformement a sa signature modele. D’ou l’aporie de la reconnaissance des traces constitutive de la signature comme signe : d’un cote, la signature est censee representer l’identite juridique de la personne qui l’a tracee ; de l’autre, la signature, toujours differee et differant sa forme graphique, rend impossible une identification certaine. Afin de questionner l’identite juridique traditionnellement garantie par la signature, j’invite a saisir la pratique legale de signer comme une activite performative subversive qui se produit lors du passage entre la reconnaissance de l’identite juridique exigee par la loi et sa transgression simultanee et inevitable. Finalement, je propose une nouvelle approche de la signature comme performance visuelle en soi, fondee sur une reevaluation de la querelle qui a oppose Jacques Derrida et John Searle sur le caractere iteratif des traces et des performatifs.